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L’art polyphonique de Nicolas Gombert

Le parcours pour le moins étonnant et atypique de mérite d'être rapidement relaté. La première partie de sa vie est sans doute marquée par une histoire de mœurs pour laquelle il aurait été condamné aux galères. Il est probablement un des élèves du fameux Josquin des Prés (il compose un thème lors du décès de ce dernier). On retrouve sa trace en 1526 comme chanteur à la chapelle de la cour de Charles Quint.

Celui-ci l'emmène avec sa suite lors de ses nombreux voyages aux quatre coins de son vaste empire (Espagne, Allemagne, Pays-Bas) lui offrant l'occasion – imposée, il est vrai – de se rendre à Vienne, Madrid et Bruxelles. Nommé enseignant des enfants de la chapelle de l'Empereur, il demeure au service de son maître jusqu'en 1540. Il quitte ses fonctions pour revenir dans son pays natal (Tournai, au sud des Flandres) et continue de composer jusqu'à sa mort survenue vers 1560. Il a été aussi chanoine de la cathédrale de Tournai (1534) et de Notre-Dame de Courtrai (1537). Gombert, bien qu'ayant sillonné diverses régions et être entré en contact avec la musique de centres artistiques variés, demeura au plan de ses compositions, fidèle au style néerlandais. Cette esthétique se caractérise, principalement dans ses œuvres sacrées, par l'utilisation de l'imitation, procédé qu'il porte à son plus haut degré de perfection. Il maîtrise également parfaitement la dissonance, habileté qui le fait apparaître aux yeux de l'histoire comme un précurseur de Palestrina.

Pour découvrir l'art polyphonique néerlandais du XVIe siècle de , on nous propose l'enregistrement très attachant et bien en place de l'Ensemble The Sound and The Fury fondé par en 2000.

Cette excellente formation en refusant les effets faciles, flatteurs et anachroniques nous transporte avec un ravissement contenu mais authentique, au sein d'une époque lointaine qu'il est somme toute fort bénéfique de (re)découvrir. La Missa « Quam pulchra es » à six voix, œuvre ambitieuse d'une cinquantaine de minutes, publiée à Paris en 1532, semble cristalliser la manière du maître itinérant et en constituer une approche idéale.

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