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La lumière blanche nous vient d’Estonie

Da pacem Domine, c'est encore un de ces coups de génie d' pour exprimer le beau et le pur avec une simplicité déconcertante… On avait déjà pu s'émerveiller devant ces sons rédempteurs dans la version pour voix solistes qu'en a donné le dans l'album « Lamentate » paru il y a un an chez ECM. Nous savourons ici l'œuvre commandée par Jordi Savall en 2004 dans sa version pour chœur mixte a cappella, donnée par et le Chœur philharmonique de chambre d'Estonie, des musiciens qui collaborent depuis des années avec , et qui ont l'habitude de rendre merveilleuse justice aux sonorités tintinnabulesques qui caractérisent sa musique depuis les années 80.

L'originalité de ce disque est de se faire se côtoyer des pièces sacrées très récentes avec des œuvres plus anciennes qui ont rendu célèbre dans le monde entier. Curieusement, les Deux Psaumes slavons n'avaient jamais été enregistrés sur disque alors que ce sont les deux premières pièces pour chœur a cappella à avoir été composées dans le style tintinnabuli. Elles anticipent clairement sur les Kanon Pokajanen que Pärt composera quelques années plus tard.

Nous retrouvons en revanche une énième interprétation du fameux Magnificat, une des pièces les plus célèbres d'Arvo Pärt et qui a fait le tour du monde. C'est une œuvre aux couleurs très pures que les interprètes de ce disque connaissent par cœur.

C'était grâce à Stephen Layton, l'Ensemble Polyphony et leur très bel album « Triodion » paru chez Hyperion que les passionnés avaient pu découvrir certaines des œuvres sacrées les plus récentes de Pärt, comme Salve Regina, Dopo la vittoria, Nunc dimittis et Littlemore Tractus. On les retrouve un peu différemment interprétés dans ce nouveau disque de , qui se permet notamment quelques libertés dans le choix des tempi. Impressionnants de précision et de pureté dans les œuvres comme Da Pacem, Magnificat ou An den Wassern zu Babel, on est un tout petit peu déçus par la prestation des choristes dans Nunc dimittis et Littlemore Tractus notamment, moins souples et un peu hachés, ce qui leur enlève toute une part d'intemporalité. Aussi, malgré une magnifique interprétation du Salve Regina, on est un peu étonné par l'aspect « synthétiseur » des sonorités de l'orgue de Christopher Bowers-Broadbent.

Mais dans l'ensemble, c'est un disque qui séduira sans conteste les anciens et les nouveaux passionnés de la musique du célèbre estonien, qui ne se lasse pas de composer une musique si magnifiquement décalée par rapport à l'actualité du monde contemporain ; déstabilisé par la complexité vertigineuse des sociétés technologiques qui évoluent à vitesse exponentielle, l'homme est vite dépassé et a souvent besoin de se ressourcer spirituellement dans des formes plus simples et plus éternelles…

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