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On n’a pas marché sur la lune

Opus 147, un numéro vénéré par les admirateurs de Chostakovitch, celui de sa Sonate pour alto et piano, œuvre ultime achevée un mois avant sa mort. Un ultime chef-d’œuvre. Heureux ceux qui n’ont pas encore entendu le mouvement final qui intègre l’ombre de la Sonate « au clair de lune » de Beethoven, car ils ont une merveille à découvrir. Le couplage avec la Sonate pour violon et piano (1968) est tout à fait pertinent, car l’œuvre fait partie de la dernière manière de Chostakovitch où, pour reprendre une image d’Alexander Raskatov, il y a plus de musique que de notes – ce qui n’exclut d’ailleurs pas des mouvements virtuoses. Alors, forcément on attend beaucoup d’un tel disque.

Une attente malheureusement déçue. Dans la Sonate pour violon, l’Allegretto central, originellement intitulé Allegro furioso est raide, martelé, les décibels sont là mais il manque la fureur à l’effet libérateur qu’il doit entraîner sur l’auditeur après un premier mouvement tout en tension. L’interprétation de la Sonate pour alto est beaucoup plus proche de l’intention du compositeur. Toutefois, si le thème célébrissime de la sonate de Beethoven est là, vous ne serez pas transportés dans le monde lunaire, quasi-hallucinant que cette œuvre évoque. Il manque la dimension sublime, le rêve de cette rencontre de deux géants. Pendant ce temps, l’interprétation par Fiodor Droujinine, le dédicataire de la Sonate pour alto (lire à ce propos la chronique sur son livre Souvenirs), reste tragiquement introuvable.

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