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Azur et Asmar : Gabriel Yared chante la fraternité

Azur et Asmar, sortie le 25 octobre 2006, est le dernier film d'animation de Michel Ocelot, le réalisateur surdoué de Kirikou. Mêmes images léchées, même poésie, pour la première fois en 3D.

Deux enfants, Azur, fils du châtelain, et Asmar, fils de la nourrice, sont élevés comme des frères, jusqu'à ce que la vie les sépare brutalement. Devenu adulte, Azur, à la recherche de son ancien compagnon, débarque en Afrique, pays de légendes et de sortilèges…

Après , voici que Michel Ocelot choisit de collaborer avec , déjà compositeur des musiques de Gandahar, Wang-Fô et Ernest le Vampire (musiques disponibles chez Cinéfonia). L'approche se révèle différente : alors que la musique de était plus rythmée, plus primitive, enracinée dans le contexte géographique du film, celle de (compositeur d'origine israélienne), pour orchestre et chœurs, a pour ambition de brasser deux traditions : la musique savante européenne et la musique arabe. Des morceaux très hollywoodiens (qualificatif qui ne plaira sans doute pas au compositeur mais démontre que contrairement à ce que James Horner a laissé entendre récemment avec le manque de tact qui le caractérise, sait écrire de la musique de film « épique ») comme « Chasseurs d'esclave », « Les Chœurs des Djins » ou « Le Palais », ou inspirés par la musique ancienne (la fanfare homorythmique médiévale dans « Le sage » ou la pavane dans « La grande pavane ») côtoient ainsi des pièces plus introspectives et/ou moins européennes, où les cordes pincées (instruments arabes, guitare, harpe) et les voix dominent (« Le jardin de Jenane », « Le beau pays », « La porte bleue »). La synthèse est réalisée dans des pièces comme « Le départ » (le thème contient une réminiscence de la berceuse du Talented Mr Ripley) ou « Les Brigands »…

Azur et Asmar, bien loin des poncifs que l'on peut trouver dans les dessins animés de Walt Disney, traduit une véritable joie de « composer », avec l'extrême exigence d'écriture qui a fait connaître Gabriel Yared au monde entier. Bien que la majeure partie de cette bande originale soit fondée sur un thème exposé au début par la chanteuse berbère Souad Massi (« La Chanson d'Azur et Asmar »), que l'on retrouve notamment chantée par des chœurs dans « Un Chœur d'Enfants », aucune plage ne se ressemble, chacune apporte son lot de surprises, comme dans un rêve perpétuel. Dans le « Lion Ecarlate », la musique explose on ne sait comment, rappelant les plus belles partitions de John Barry ou Jœ Hisashi. Dans la « Berceuse », c'est le compositeur qui chante. A l'instar de Dario Marianelli qui a fait la même chose dans Brothers Grimm, on entend des bouts de la berceuse de Brahms dans « Les temps futurs », morceau par ailleurs sublimement orchestré. Dans le « Le Vilain Pays », une sonorité bien connue des auditeurs des premières musique de Yared se fait entendre brièvement.

Vous l'aurez compris, Azur et Asmar est déjà une musique incontournable. Gabriel Yared peut s'enorgueillir d'avoir pu enfin montrer dans une seule musique toute l'étendue de son talent protéiforme. Impossible aujourd'hui de classer Gabriel Yared dans une catégorie, si ce n'est de celle des grands compositeurs d'aujourd'hui…

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