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Musique américaine pour piano

S'il est des personnalités qui au cours du siècle passé ont inlassablement œuvré pour donner une authentique musique aux Etats-Unis, ce sont bien les trois compositeurs retenus pour ce beau programme sollicitant deux pianos. Tous ont pensé leur musique comme de vrais américains désireux d'offrir à leur culture des œuvres immortelles et indépendantes, autant que faire se peut, de leurs ancêtres et devanciers européens. Tous ont souhaité participer à la constitution d'une mémoire culturelle propre pour l'avenir. Gershwin ne pouvait être oublié tant sa Rhapsodie in Blue (1924), jouée ici dans la version originale du compositeur, est devenue emblématique d'une Amérique à la découverte d'elle-même. Les thèmes sont merveilleusement dessinés, les rythmes toujours aussi engagés et le déroulement infailliblement entraînant sous les doigts galopant des jumelles Irène et . Elles excellent d'autant plus dans ce registre qu'elles se consacrent exclusivement aux œuvres pour quatre mains.

L'apport exceptionnel de Léonard Bernstein paraît quelque peu sous-estimé bien qu'il ait proposé d'innombrables pages à proprement parler « américaines ». On reconnaîtra toutefois que les multiples influences qui ont alimenté son art musical n'ont pas toujours débouché sur une résultante idéalement originale et novatrice. Cependant, son nom restera attaché à l'histoire de son pays avec en premier lieu les Danses Symphoniques de l'inoubliable West Side Story (1957), ici jouées dans un arrangement pour deux pianos de John Musto. Toute la saveur de la partition nous semble toutefois mieux rendue dans la version orchestrale.

Enfin, moins connu mais fécond et souvent très intéressant, la participation de immortalisé par son célèbre et réussi Adagio pour cordes et surtout son chef-d'œuvre qu'est le Concerto pour violon. Ces Souvenirs de 1952, dans un arrangement pour deux pianos, proche nous dit-on, de la propre version du compositeur, révèlent un créateur délicat, mélodieux et inspiré ici par des rythmes de danses (six au total) où dominent le charme et l'élégance, avec parfois aussi des aspects plus virils. Le jeu des sœurs Bugod s'impose, précis, fidèle, enjoué et, somme toute, heureux d'inviter l'auditeur à entreprendre ce périple typiquement américain.

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