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Mais où est Stéphane Blet ?

Avant de se consacrer à la composition, est un pianiste, dont le répertoire de prédilection est le XIXe siècle. Une chose est certaine : son activité de concertiste, attaché comme beaucoup d'interprètes à la période romantique et aux compositeurs français du début du XIXe siècle a une grande influence sur ses œuvres. Autre facteur déterminant sur son style : l'intérêt qu'il porte à la musique populaire turque.

La musique contemporaine doit-elle se libérer de ses racines ? Doit-elle forcément être novatrice ou « inscrite dans son temps » ? Un compositeur du XXIe siècle peut-il prétendre à une réelle reconnaissance s'il écrit délibérément dans un style caractéristique de la fin du XIXe siècle, s'il reste attaché à des sonorités connues et appréciées du plus grand nombre ? Vaste débat, qui n'a pas fini de faire couler de l'encre, et qui dépasse largement le cadre de cet article. Toujours est-il que l'audition de chacune des pièces de de cet enregistrement donne une impression de déjà entendu, de déjà connu. Agréable, bien ficelé, tour à tour énergique ou mélancolique, délibérément épuré ou virtuose … mais avec un arrière goût de Liszt, de Khatchatourian, de Debussy, de Scriabine … Dans tout ça, où se cache donc  ? Il se revendique de l'esthétique de Rachmaninov et de Scriabine, et sa musique en est largement imprégnée.

La Fantaisie Ottomane est la seule pièce de cet enregistrement pour piano et orchestre (dans une orchestration de Jacques Castérède et Stéphane Blet). Enregistrée en Hongrie, dans des conditions différentes des autres pièces, enregistrées ultérieurement, elle se veut inspirée des recherches du compositeur sur la musique populaire turque. Comment, en entendant cette œuvre, ne pas penser à un Liszt, voire un Ravel, qui prenaient « l'exotisme » de l'Espagne ou de la Hongrie pour écrire des thèmes au rythme affirmé et aux intervalles alors originaux comme prétexte à leur écriture pour le reste très ancrée dans l'esthétique romantique… Par ailleurs, est-ce le fait du piano ou de la prise de son, est-ce un choix esthétique délibéré ou une maladresse de l'enregistrement, l'instrument sonne d'une façon particulière, très métallique, qui peut parfois sembler agressive.

Les pièces pour piano seul, quant à elles, bénéficient d'une sonorité et d'un jeu plein et chaleureux. Très agréables à écouter, bien écrites … Il y a fort à parier que plus d'un mélomane ou musicologue se ferait piéger sur un test « à l'aveugle » et annoncerait avec une grande certitude qu'il s'agit, selon le cas, d'œuvres de Debussy, Rachmaninov ou de Scriabine …

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