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La jeunesse à l’honneur avec Sergey Khachatryan

Soirée spéciale au Palais des Beaux-arts, car en plus du programme concocté par l', le public a pu découvrir deux créations, œuvres lauréates du projet Tactus. Ce Forum des Jeunes Compositeurs a pour but de leur offrir l'accès à un orchestre symphonique, le projet ayant pour partenaires l', le Vlaams Radio Orkest, le Rotterdams Philharmonisch Orkest ainsi que le BBC Symphony Orchestra. On ne s'étonnera pas de voir ces pièces exploiter de larges effectifs orchestraux, mais on regrettera tout de même que la pénurie d'imagination soit camouflée par les mêmes effets faciles maints fois entendus : usage répété des percussions à clavier dans les deux pièces, atmosphère feutrée ponctuée de dissonances, musique architecturée de façon rudimentaire : Ausland installe une ambiance, développe un crescendo. Passé le climax, l'orchestre s'efface pour revenir à l'atmosphère originelle. Nous cherchons encore la modernité dans cette approche, forte de son premier prix… Tra il fuoco e la rugiada, la pièce de , nous mène vers la même conclusion : le projet Tactus est certes nécessaire pour permettre aux talents de se révéler, mais une session ne suffirait sans doute pas pour esquisser une réponse à la question « Qu'est-ce qu'être moderne ? ».

Pour guider ces compositeurs vers une éventuelle piste, le programme comptait le Concerto pour violon n°2 de Chostakovitch. Le jeune , premier prix au concours Reine-Elisabeth de 2005, domine l'œuvre par sa technique irréprochable et une qualité de projection du son et des attaques extrêmement soignées. , accompagnateur intelligent, conserve le contrôle total de son orchestre tout au long d'une partition qui ne ménage pas les instrumentistes. A ce niveau, la performance de l'orchestre mérite autant de louanges que la virtuosité du soliste. Khachatryan est un interprète plein de fougue, mais sa prestation tient d'avantage de la démonstration technique que d'une véritable appropriation de l'œuvre. Nul doute qu'avec les années, il saura devenir l'un des meilleurs interprètes de cette partition.

Le Sacre du Printemps constituait la pièce maîtresse de ce programme relativement costaud pour le dissipé public bruxellois. Le solo de basson déconcerte d'abord l'auditeur par son strict respect du rythme, alors que l'on est d'avantage habitués à entendre ce premier solo joué avec la liberté d'une cadence. Passée cette première surprise, les choses se mettent en place très proprement. Les clarinettes basses font preuve d'une très grande netteté dans les articulations tandis que le tissu sonore se complète harmonieusement. sait mettre en évidence tel ou tel phrasé à l'exception du final de l‘Adoration de la terre où à partir du Cortège du Sage le chef précipite son orchestre dans un accelerando non maitrisé mettant alors ses musiciens en difficulté. La deuxième partie de l'œuvre confirme les mêmes qualités et faiblesses. Des pupitres se révèlent : la trompette solo ou encore la première clarinette très en verve, tandis que d'autres se montrent plus décevant. On pensera aux cornistes ne faisant pas le poids face à leurs collègues trombonistes, ou encore aux percussions qui auraient pu ajouter un tout autre relief à l'orchestre via une approche plus sensible de cette partition où les articulations entre les différents tableaux constituent un riche matériel trop souvent sous-exploité.

Crédits photographiques : D. R.

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