L'année Chostakovitch continue de nous gratifier de témoignages marquants de ses symphonies. Cet album est d'autant plus important qu'il s'agit du seul enregistrement disponible dans lequel le légendaire Evgueni Svetlanov (1928-2002) affronte la Symphonie n°8.
Chef d'orchestre au charisme peu commun, Svetlanov est l'auteur une discographie chostakovienne imposante : les concertos, des cycles vocaux et onze des quinze symphonies. Malheureusement, ce legs essentiel à la compréhension du compositeur est aujourd'hui difficilement trouvable en CD. Les faillites de Vanguard et de Canyon, et la parcimonie des éditions Melodiya obligent les mélomanes à se tourner vers les fonds des discothèques. En fonction de la richesse des collections, on pourra se pâmer devant d'incroyables Symphonies n°5 (Melodiya mais surtout Canyon), n°7 (Melodiya) et n°10 (Melodiya).
Cette interprétation de concert est d'autant plus intéressante qu'elle propose Svetlanov à la tête du London Symphony Orchestra. Au tournant des années 1970-1980, le maestro était l'hôte régulier du Philharmonia et du LSO. Acclamés par le public et la critique, ses concerts étaient des évènements, et son entente avec les musiciens du LSO déboucha sur sa nomination en 1979 au poste de principal chef invité de la célèbre phalange. La vision du chef russe insiste sur la logique et les dynamiques de cette musique. Les tempi sont plutôt rapides par rapport à ce qui s'entend dorénavant dans cette œuvre (on pense au récent disque de Paavo Berglund). Certains passages sont très réussis comme le milieu du premier mouvement et les mouvements centraux rapides. Le LSO ne possède pas cette musique dans ses veines, on dénombre certains légers accidents aux cuivres, mais la formation suit avec attention la fougue de son chef d'un soir.
La prise de son est assez satisfaisante pour un live de 1979 et la notice de présentation, comme toujours avec BBC Legends, est soignée et érudite. La discographie reste dominée par les témoignages de Mravinski (BBC Legends), Kondrashine (Praga), Previn (DGG), Barshai (Brilliant) Sanderling (Berlin Classics) et Berglund (Ondine) mais ce disque se hisse juste derrière ces références.