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Zhu Xiao Mei joue Bach

Les Pianos du Nouveau Siècle

Au cours des Pianos du Nouveau Siècle, la pianiste a joué deux fois les Variations Goldberg de Bach. D'origine chinoise, est installée depuis de nombreuses années à Paris, menant une carrière de professeur au CNSM de Paris, et de concertiste discrète, mais o combien précieuse. Les mélomanes lillois ne s'y étaient d'ailleurs pas trompés : le Salon Mozart était bondé d'un public aussi connaisseur que discret.

Zhu Xiao Mei livre des Variations Goldberg très intériorisées, à la respiration sereine, sans éclat ni effets, de construction rigoureuse, et toujours bien rythmées. Elle déploie un toucher très délicat, se contentant souvent d'effleurer le clavier, pour produire un son d'une texture douce et chaleureuse. L'exercice n'est pas facile, car les conditions sont loin de l'idéal. La pianiste affronte un instrument mal préparé, au clavier rétif et à la sonorité vibrante et agressivement métallique. Avoir donné de si fines Variations Goldberg, en en faisant apprécier toute la clarté de construction et en faisant un minimum de fautes n'est pas un mince exploit. De plus, cette pièce qu'on a baptisée « Salon Mozart » n'est pas adaptée à la pratique musicale. C'est en fait une salle de séminaire, au sol couvert de moquette, et au plafond trop bas. Le son est ainsi étouffé par le sol et renvoyé trop durement par le plafond, créant toutes les conditions pour la production d'une bouillie sonore très confuse.

Ces problèmes furent récurrents pour les concerts hors auditorium durant tout le week-end : peu de pianistes ont réussi à réellement tirer parti de la sonorité des Yamaha du festival, et trois des quatre salles prévues pour les récitals n'étaient pas du tout adaptées. Dans le cas d'une œuvre au caractère intimiste comme ces Variations Goldberg, cela passe encore, mais entendre dans ces conditions des pièces plus extraverties comme la Sonate Waldstein n'était pas de tout repos.

Le cas de la quatrième salle, la Salle Robert Casadesus, est légèrement différent, car si le plafond y est aussi bas, au moins le sol est en parquet, et le local est plus vaste, ce qui laisse au moins au son la possibilité de se propager. Ces problèmes matériels devront être réglés à l'avenir si les organisateurs des Pianos du Nouveau Siècle veulent continuer à faire progresser ce festival au niveau artistique déjà très élevé.

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Crédit photographique : © DR

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