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Les prestigieux rendez-vous de l’OPL avec Theodor Guschlbauer

L’Orchestre Philharmonique de Liège sait ponctuer sa saison de soirées à caractère exceptionnel. Les habitués de l’OPL ont encore en mémoire les merveilleux concerts que venait donner Armin Jordan en la Salle Philharmonique. Des programmes pointus défendus par un chef de grand talent garantissaient à chaque fois aux auditeurs un concert exceptionnel. La soirée qui nous occupe laisse supposer qu’une relation de ce niveau est en train de se créer entre le spécialiste du répertoire brucknérien Théodor Guschlbauer et l’orchestre liégeois. Le chef, qui avait offert une impressionnante lecture de la Symphonie n°4 il y a déjà deux ans revenait partager son expérience à travers la Symphonie n°5. Bien moins évidente à aborder pour le profane que la « romantique » Symphonie n°4, on peut s’étonner que cette œuvre n’ait pas fait l’objet d’une initiative pédagogique. Un « dessous des cartes », soirée où un orateur présente l’œuvre accompagné de l’orchestre illustrant ses propos, aurait permis à l’auditeur d’apprécier pleinement la complexité de la partition, riche en surprises. Multiplicité des thèmes et des reprises, alternance de phrasés épurés et de fanfares héroïques font en effet de cette pièce longue de 75 minutes une expérience peu commune.

Le disciple de Swarowski et de Karajan a la parfaite maîtrise d’une phalange qui se montre souple et attentive aux accentuations soulignées par le chef. Dès leur première entrée, les cuivres forment un ensemble parfait, d’une très belle rondeur encore magnifiée par la chaleureuse acoustique de la salle. Guschlbauer n’écrase pas les forte, évitant ainsi le premier piège de cette partition. Le deuxième mouvement qui donne d’avantage la parole aux bois permet aux chefs de pupitres de se distinguer : clarinette et flûte animant des phrasés nets et vaillants. Le Scherzo emporte l’orchestre par son thème dansant. Guschlbauer parvient à maintenir une tension latente tout au long du mouvement, avant d’aborder un final qui peut par instants prendre une tournure démonstrative. Mais dans cet ultime éclat où l’OPL ne montre nulle trace de fatigue après plus d’une heure de musique, on goute pleinement la cohérence de cette lecture, fruit d’une saine collaboration entre un chef passionnant et des musiciens visiblement motivés. Nous espérons bien sûr assister à de nouvelles collaborations entre l’OPL et Guschlbauer, chaleureusement remercié par le public et l’ensemble de l’orchestre au terme de cette soirée.

Crédits photographiques : © DR.

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