L'Orchestre de Chambre de Prague se produit habituellement sans chef depuis 1951 tout en collaborant à l'occasion avec des chefs invités. Son répertoire initial intéresse la musique tchécoslovaque du XVIIIe siècle puis s'étend rapidement jusqu'aux œuvres du XXe siècle.
Au service du label Transart et dans le cadre des Flâneries Musicales d'été de Reims, il enregistre les ouvertures d'opéras, soit une quinzaine au total, de Mozart. L'idée est séduisante, certes, mais l'écoute en continu, qui ne respecte pas la chronologie, risque d'engendrer une certaine monotonie. A part cette prévention, secondaire somme toute, l'Orchestre de Chambre de Prague, dépositaire d'une longue tradition mozartienne, joue ces ouvertures avec entrain, clarté et efficacité.
Les pupitres ne montrent aucune faiblesse et le jeu d'ensemble, de belle santé et sans flétrissures, réussit à faire naître dans l'esprit et en raccourci, les merveilleuses et immortelles scènes que ces ouvertures précèdent et dont l'existence même avait, partiellement, pour mission de mettre en bonne disposition d'écoute les spectateurs d'alors, fort bruyants et peu respectueux du travail des artistes dont l'appréciation au sein de la société bénéficiait d'infiniment moins de considération qu'à présent. De l'ouverture de Bastien et Bastienne, donnée à Vienne en octobre 1768 à l'ultime partition de La Flûte enchantée au Théâtre An der Wien en septembre 1792, la formation tchèque ressuscite habilement ces pages incontournables.
A notre avis, une mention particulière revient à l'exécution de l'ouverture de Cosi fan tutte, commande de l'empereur Joseph II lui-même et née au Hofburgtheater de Vienne en janvier 1790. Les sections vives et chantantes confiées aux bois font merveille et bien vite regretter que Mozart n'en ait pas développé davantage les potentialités orchestrales. Mais qu'importe ! Cette somme respectable et réussie tient largement ses promesses.