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Ainadamar, un opéra coloré et engagé

Certains psychologues préviennent : ce que les parents présentent comme une solution peut devenir, pour les enfants, un problème.

En effet, il y a dans les transmissions un jeu de dupe inaltérable, sans quoi les histoires de familles ne seraient jamais insupportables, mais surtout transparentes, tout de même ennuyeuses et pas même entêtantes. Ainadamar est une histoire de transmission : un jeu d'emboîtements, de filiations. L'action se déroule en 1969 : avant de mourir, l'actrice Margarita Xirgu transmet à son élève Nuria l'ardeur de la révolution, en évoquant sa rencontre avec Lorca. Sa narration est déjà la scène d'un legs révolutionnaire, mise en abyme de l'évocation d'une autre figure tutélaire : la statue de Mariana Pineda, morte en martyre en 1831. Justement, la mort de Lorca est le point culminant du deuxième tableau, celle de Margarita celui du troisième et dernier acte.

Mais la partition d' est elle aussi une histoire de transmission, de nœuds indémêlables : la variété de ses héritages est tout au service d'une orchestration sensuelle et de mélo-rythmes vaillamment associés… Des ambiances andalouses, bien entendu, mais qui n'empêchent rien d'une patine américaine. Plus que des relents de l'œuvre lyrique de Bernstein, un renouvellement d'avance anthologique des alliages entre airs populaires et joutes formelles. L'Orchestre symphonique d'Atlanta, dirigé par Robert Spano, offre à l'œuvre un premier enregistrement mondial engagé, fougueux, digne de faire référence.

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