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Requiem de Verdi : Libera me !

Lors de sa création par lui-même le 22 mai 1874 à l'église San Marco de Milan, le Requiem est accueilli avec grand enthousiasme et les invités de marque présents sont immédiatement conquis par cette messe grandiose. Comment en effet, ne pas être fasciné par le caractère démentiel et spectaculaire de cette œuvre ô combien émouvante et bouleversante ?

Composé par Verdi entre Aida et Otello à la mémoire de son ami le poète Alessandro Manzoni mort un an auparavant, ce véritable monument de la musique fut d'ailleurs à l'origine appelé « Requiem de Manzoni ». En raison des effectifs importants, il nécessite un lieu d'exécution spacieux. Dès sa création, l'œuvre remporte un considérable succès, le triomphe rencontré tant à Paris en 1874, qu'à Londres en 1876 puis Cologne et Vienne, la même année, valent au compositeur de recevoir l'Ordre de François-Joseph après avoir été nommé Commandeur de la Légion d'honneur.

Dans cet enregistrement réalisé en direct, la direction du chef est énergique, celui-ci s'attache à respecter au plus près, semble-t-il, le style voulu par le compositeur. L'équilibre entre l'orchestre, les choristes et également les solistes est toujours respecté. Cette interprétation très soignée révèle des phrases musicales pianissimos, presque chuchotées, des fortissimos assourdissants, des choristes passionnés, et surtout un orchestre attentivement mobilisé. Le spectaculaire message du Requiem opposant avec crainte et violence l'effroi provoqué par la peur de la mort à l'espérance de la délivrance est toujours présent à l'esprit, on sent le désir de tous les musiciens de nous emporter toujours plus loin dans l'émotion, qu'il s'agisse de la foudre du Dies Irae ou la pureté salvatrice du Libera me. Malgré les redoutables tessitures que doivent affronter les solistes, l'ensemble est très homogène.

La gravure SACD confère à cet enregistrement une dynamique exceptionnelle largement audible même sur un lecteur non équipé. S'il avait pu être encore parmi nous lors de la représentation, Brahms se serait sûrement exclamé à nouveau : « une œuvre extraordinaire, une œuvre de génie ».

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