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Import – Export de Kœn Augustijnen : Trafiqués

Deuxième rendez-vous de ce début d'année entre la danse et la musique baroque aux Abbesses, mais cette fois, celle-ci est sonorisée et jouée sur instruments modernes. Reprenant un dispositif cher à Alain Platel, le fondateur des Ballets C. de la B., intègre un quatuor à cordes à un décor de containers.

Juché sur une palette, un alto remarquable, Steve Dugardin, chante des extraits d'opéras baroques. Et pourtant, le choix de ce répertoire ne s'impose pas dans « Import/export » comme une évidence. A leur entrée sur le plateau, les danseurs martèlent le sol, imitant le mode de déplacement des culs de jatte, uniquement sur les mains !

Couples d'éclopés ou de laissés pour compte, ils forment une attachante galerie de portraits qui se dévoilent peu à peu, ménageant quelques moments de grâce. Frustres, voire simplets, ces personnages témoignent de leur désarroi et de leur désespérance dans des duos inquiets ou des solos fébriles. Ayant parfaitement assimilé le savoir-faire de son mentor, Alain Platel, qui mêle habilement séquences dansées et saynètes plus ou moins monologuées, reprend les recettes un peu vaines qui ont fait le succès des Ballets C. de la B.

Si l'émotion tarde à poindre, incarnée par une jeune danseuse noire qui chante une berceuse tanzanienne, le burlesque trouve vite sa place, à la limite parfois du grotesque, créant autant de situations de danse. Un danseur chewing-gum trituré en tous sens par deux comparses, un garçon portant sur son dos un moteur de bateau Evinrude, une chaîne humaine où l'on joue à se toucher. , frôlant le politiquement correct, effleure maladroitement dans son spectacle des thèmes comme celui de la prostitution, des violences faites aux femmes, de la traite des noires, de l'esclavage ou de la torture, sans aller au bout de son propos.

On cherche sans la trouver une certaine authenticité dans ce portrait en creux d'une génération de « Sam'suffit ».

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