- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Concert de Nouvel An

L'OPL en visite à Lille

Entre l'Orchestre National de Lille et ses voisins belges, la collaboration se passe à merveille depuis longtemps, et les échanges sont fructueux. Chaque année, l'Orchestre National de Belgique et l'Orchestre Philharmonique de Liège rendent une visite à Lille, où on entend également régulièrement l'Orchestre Philharmonique des Flandres, alors que l'ONL joue chaque saison dans la série de l'ONB au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, à la Salle Philharmonique de Liège, et dans d'autres villes belges. Cette saison, l'OPL se déplace en premier au Nouveau Siècle, alors qu'attend l'ONL à Liège au mois de juin pour y jouer la 11e symphonie de Chostakovitch. Autre convergence entre les deux orchestres, sûrement fortuite celle-là : ils ont tous les deux programmé un important cycle Brahms, qui commencera cette semaine à Lille, on y entendra notamment l'intégrale des symphonies. L'OPL quant à lui, organisera un de ses fameux festivals le deuxième week-end de mai autour du compositeur hambourgeois.

Le programme de ce concert de Nouvel An est très soigné, et propose une sorte de tour d'Europe musical, proposant des pages très célèbres du répertoire, mais aussi quelques raretés en première partie.

On commence par l'ouverture de la Muette de Portici d'Auber, enlevée avec beaucoup de prestance et de vigueur par le chef de ce soir, , et pour laquelle la signature sonore de l'orchestre, fine, claire et aiguisée, fait merveille. Commentant cette ouverture jouée par un orchestre belge, nous en profiterons, même si cela semble en pure perte, pour réclamer qu'une maison d'opéra de notre pays remonte enfin un jour cette Muette de Portici, qui fait partie du patrimoine historique de la Belgique et qui mérite mieux que l'oubli. Encore une rareté pour suivre, avec l'ouverture de la musique de scène que Vaughan Williams composa pour la comédie d'Aristophane les Guêpes. C'est une pièce brillante et ludique, dans laquelle les cordes sont utilisées pour figurer habilement le bruit de l'insecte en vol. Elle comprend en deuxième partie un très beau thème lyrique, profond et pastoral, à l'ascendance britannique incontestable. On en arrive ensuite aux joyaux de cette soirée, avec les extraits orchestraux tirés des opéras d'Ermanno Wolff-Ferrari, trois petites merveilles de finesse, de fantaisie et de douceur, délicatement orchestrées, légères et soyeuses comme du duvet.

La Rhapsodie roumaine n°1 de Georges Enesco est nettement plus célèbre, la direction de y est tonique et acérée, et le chef évite avec talent de donner une lecture trop lourde et trop bruyante de cette œuvre exubérante, qui clôt la première partie en feu d'artifices.

Ensuite, quelques authentiques « tubes » encadrent la méconnue Jubel-Ouvertüre de Weber, pièce de circonstance à l'enthousiasme quelque peu redondant, qu'on retient surtout parce qu'elle est conclue par le thème du God save the King. Le reste du programme est plus fréquenté, avec un très beau Finlandia, ample, fluide et exalté, et avec Wiener Blut, chorégraphié avec beaucoup d'élégance par le chef, bien que les cordes de l'orchestre y manquent un peu de mœlleux et de plénitude. Le programme se termine par une Ouverture 1812 de Tchaïkovski haletante, dramatique et tendue, dynamitée par un chef qui adopte des tempi très rapides. L'absence de canons ne se fait pas trop ressentir, et les amateurs de grand spectacle sont comblés par un orchestre qui fait beaucoup de bruit, mais qui reste toujours musical et soigné, notamment un ensemble de cuivres très en verve.

Le nombreux public insiste pour un bis, qu'il obtient, sous la forme attendue, mais toujours amusante, de la Marche de Radetzky de Strauss, que l'assistance ponctue comme toujours en frappant des mains. Décidément, aime faire participer le public à ses fins de concerts !

Crédit photographique : © DR

(Visited 98 times, 1 visits today)