- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Romeo e Giulietta de Marchetti

Certaines résurrections nous paraissent moins exaltantes que d'autres. Avouons-le, passé l'intérêt documentaire, nous retiendrons assez peu ce drame lyrique signé en 1865 par , petit maître de 35 ans, et assez rapidement tombé dans l'oubli.

Le sujet lui-même prête à des comparaisons qui tournent rapidement au détriment du compositeur, que l'on évoque ses compatriotes et prédécesseurs Bellini et Vaccai, ou bien sûr Gounod qui livra sa propre partition deux ans plus tard.

Ceci n'enlève rien au mérite du festival de Martina Franca, grand défricheur de répertoire, qui en a proposé en 2005 la version définitive – arrêtée par le compositeur à l'occasion des représentations romaines de 1876 -, d'autant que l'écriture de Marchetti n'est pas dépourvue de qualités. De Mercadante, dont il a été l'élève, il a hérité une technique d'instrumentation et une science d'orchestration tout à fait respectables, évidentes ici dès les premières notes de l'ouverture. Malheureusement, l'écriture vocale ne s'élève pas à la même hauteur d'inspiration, et la partition s'écoute sans déplaisir mais le plus souvent sans passion. C'est en fait dans les passages choraux et dans les finals habilement conduits que se situent les meilleurs instants de l'ouvrage, ceux où un souffle réel se manifeste enfin. Ailleurs, le compositeur s'autorise bien des facilités, tels ces traits d'archets obstinés pendant le dialogue de Roméo et Paride ou la structure archi-conventionnelle de l'air de Frère Lorenzo : « Tu Signor che sdegno ed odio non volesti all'uom retaggio », exercice quelque peu scolaire pour basse noble. Il faut attendre le duo inaugural du troisième acte pour ressentir enfin une véritable vibration lyrique, mais la tension retombe malheureusement pour le long monologue de Roméo au dernier acte, et le final.

D'une distribution jeune, dont l'engagement et l'homogénéité sont les principales vertus, nous retiendrons en premier lieu le gosier généreux du ténor . Vocalement un peu mûre, lui donne une réplique méritoire mais privée de la luminosité qu'on associe au personnage de Juliette. C'est dans les accents pathétiques du final de l'acte II qu'elle trouve seulement les moyens de nous émouvoir. Le baryton , probablement l'élément le plus chevronné du plateau, tire bon parti de l'air de Paride au troisième acte : « Ti conobbi giovinetta ».

Le jeune chef ukrainien , placé à la tête de l'orchestre international d'Italie, sert la partition avec une probité sans reproche, à l'image de l'ensemble de la captation d'un ouvrage qui ne peut être considéré comme majeur mais présente un intérêt historique incontestable et complète utilement notre connaissance d'un pan de la production lyrique transalpine reléguée dans l'ombre de l'astre verdien.

(Visited 469 times, 1 visits today)