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L’heureuse surprise de Régis Pasquier

Nous sommes nombreux encore à l'évocation du Concerto en ré majeur de Beethoven à nous remémorer le merveilleux tandem Christian Ferras-Herbert von Karajan (DG, 1967). Et pourtant, combien d'autres gravures tout aussi inoubliables de ce chef-d'œuvre depuis l'origine de l'enregistrement ? En établir la liste reviendrait à citer les violonistes, orchestres et chefs les plus prestigieux de chaque génération et la cohorte des autres moins réputés.

Toute nouvelle parution se veut d'abord et avant tout un hommage au grand compositeur allemand. Pour Calliope, nous livre à son tour son interprétation. Il crée une heureuse surprise en se hissant aisément au niveau des meilleurs instrumentistes internationaux. Son jeu virtuose et chaleureux, rêveur et rythmé et ses interventions expressives servent un Beethoven à l'égal des plus grands musiciens d'hier et d'aujourd'hui.

Pour l'accompagner et le magnifier, les Solistes de la Philharmonie de Saint-Pétersbourg, qualifiés d'Orchestre de Chambre baltique, trouvent le ton juste et n'outrepassent pas le rôle imparti par le maître de Bonn. Et, pour rendre l'ensemble cohérent et vrai, il fallait à juste titre choisir la direction équilibrée et néanmoins engagée du jeune chef français . Tous ensemble ressuscitent pour nous l'année de la composition, 1806, et font merveille. Aussi bien dans l'Allegro ma non troppo initial avec son jeu de timbales seules et rejointes bientôt par une longue introduction orchestrale dont on retrouvera plusieurs fois les deux groupes thématiques avant que ne s'imposent les profondes phrases du violon soliste.

Le second mouvement, un Larghetto, s'apparente à une romance solennelle et lyrique où le violon grave directement et durablement sa mélodie mélancolique dans le mental de l'auditeur captivé. Ce mouvement se hisse au sommet des profondeurs beethovéniennes, à la manière des mouvements poignants du Concerto pour piano n°5, le Sanctus de la Missa Solemnis et de la Symphonie n° 9 avec chœur. En complément de programme et assez logiquement on trouve les belles et élégantes Romances pour violon et orchestre conçues respectivement en 1798 et 1801, genre dont Beethoven fût l'initiateur inspiré.

Cette lecture brillante et soignée confirme l'excellence de ce témoignage et son positionnement glorieux face à ses plus illustres aînés.

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