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Stéphane Blet ou l’art de … rien !

Il est parfois des livres qui nous arrivent et que l'on a du mal à appréhender…

Nous voici ici confrontés à une publication des éditions Zurfluh où (un très célèbre ?) , pianiste et compositeur, espère nous expliquer en 23 pages format livre de poche avec une police de caractère qui nous rappelle la «bibliothèque rose» l'art et la manière d'utiliser un clavier lorsque l'on veut devenir un grand pianiste.

Dans le reste des pages se cache un Essai sur Schumann, rien que ça ! Un petit calcul nous démontre que sur 69 pages, 46 sont consacrées à Schumann donc le double de ce qui aura été consacré à l'art et la manière d'apprivoiser et posséder un piano… Dubitatif… C'est le terme que nous utiliserons pour qualifier cette «leçon-essai» qui a forcément du mal à convaincre.

Nous connaissons pour ses talents de pianiste mais aussi de ses compositions qui ont du mal à dépasser les frontières d'un XXe siècle naissant (Lire la chronique d'un CD consacré à ses œuvres). Il est évident qu'un artiste qui aime à se complaire dans une certaine ligne de pensée, pas forcément progessiste, aura tous les honneurs d'un certain public et il est sain de penser qu'il voudra en jouer… Le constat est clair, cette publication n'aurait jamais du dépasser les frontières des petites publications musicologiques (nous nous excusons auprès des vrais musicologues) qui ne donnent pas lieu à rétribution. Ne serait-ce que d'un point de vue déontologique !

Passé l'étonnement proche de l'indignation, nous nous demandons qui pourrait avoir besoin de ce mini-livre ? Personne à notre sens… Comment peut-on enseigner l'art de l'interprétation et de l'approche d'un instrument par quelques conseils diffusés à la va-vite ? Ne parlons pas de l'Essai sur Schumann qui bien que plus fourni en pages use de clichés maintes et maintes fois usés par d'autres. Citons simplement dans la conclusion «On parla de névrose, de folie et de beaucoup d'autre choses. Il n'est cependant pas ridicule d'y ajouter le surmenage, Schumann n'ayant guère ménagé ni son corps ni son esprit et il se pourrait bien que la détérioration progressive de son système nerveux soit la conséquence la plus directe de ce fameux surmenage qui l'a sans doute conduit à sa tentative de suicide et à sa fin tragique». Dubitatifs nous restons… Et loin d'André Boucourechliev nous sommes. Citer le formidable essai sur l'esthétique écrit par le grand musicologue de ce génie fou du Romantisme dans la bibliographie est la moindre des choses mais ne suffit pas à rattraper l'inutile …

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