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Les « gitanos » au travers du clan Carmona

C'est l'histoire de tout un peuple que l'on découvre au travers de la famille emblématique des Carmona. Le peuple des gitans andalous dont les valeurs fondamentales peuvent se résumer à la famille et la musique.

Le fil conducteur de ce film est le groupe Ketama. Un groupe de fusion flamenco composé autour de Juan, Antonio et Jose Miguel Carmona. Puisant l'inspiration dans le berceau de la culture gitanos, ils sont les héritiers d'une longue lignée dont on découvre les padres Juan et Pepe Carmona « Habichuela ». Et c'est le père Juan qui nous raconte l'histoire de la famille depuis son grand-père qui faisait les marchés pour vivre et jouait la guitare les soirs, en passant par le père et Pepe « Habichuela » bien connu des aficionados. Le fief des Carmona est Grenade, toute une histoire en soi. Et même si le père Juan, à 18 ans, parti à Madrid – le flamenco offrait plus de chance de vivre – emportant tout le clan avec lui, c'est à Grenade qu'il retourna sur ses vieux jours.

Le fils n'appris pas la guitare avec son père mais avec l'oncle Pepe. Qui n'aurait pas rêvé d'être à sa place. Avec son frêre, Antonio et le cousin « Josemi », il fonda Ketama en 1986. Le groupe est né comme une explosion de rebellion. Un véritable sacrilège que ce groupe dont la culture flamenca se perdait dans un style résolument novateur avec guitare basse et batterie. Même si elle n'a jamais été vraiment acceptée par les amateurs de flamenco puro, aujourd'hui cette fusion plait beaucoup mais il y a 20 ans, c'était presque honteux. La réussite de Ketama n'est-elle pas due en partie à toute l'histoire de cette famille qui reste sous-jacente dans la musique de cette formation résolument moderne ?

Mais lorsque les Carmona se retrouvent tous, une fois l'an, dans le quartier du Sacromonte, pour faire la fête, la tradition est là, le flamenco vie et perdure.

Ce film est un régal. Tout est là pour bien comprendre ce peuple dont la musique transpire la souffrance autant que la joie de vivre et l'espérance. Que ce soit le bénédicité que l'on dit encore avant le repas chez les jeunes Carmona ou la transmission de la culture, le partage du nécessaire et du superficiel. Entendre Pepe Luis chantait une martinete sous la battue de Juan à l'enclume en mémoire de Luis trop tôt disparu et voir l'émotion de tout les membres du clan ; regarder les enfants de la famille s'essayer aux palmas à l'âge où l'on apprend à écrire ou soutenir le toque au cajon âgé d'à peine une dizaine d'années ou encore se faire maintenir le compas par un père lorsque le jeune fait la guitare. Ce sont toutes ces images qui peu à peu permettent de sentir la force des gitans qu'ils puisent dans leurs racines, leur histoire et leur tradition.

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