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Violon et marimba, un couple rare mais poli

Polymnie

Dès les premières secondes du disque, la conquête opère : vive les duos, surtout quand ils réunissent des instruments trop rarement associés (ou trop formatés chaque fois qu'ils sont assemblés) ! Se réjouit-on d'entendre le marimba en posture concertante, valorisé par une prise de son charnelle et généreuse. Ceci impliquant cela, peut-on regretter que le répertoire qui lui est offert donne au marimba, un rôle autrement idiomatique. Après Bordel 1900 de Piazzolla, dans Tarantella, l'œuvre de , l'instrument deuxièmement vedette se révèle la plus mélodique des percussions. En miroir, le violon s'entend comme le plus percussif des instruments mélodiques. Mais les séquences sont si nettement sculptées que leur intention dépasse les phrases au point d'en confisquer, souvent, la force d'affirmation.

Plus généralement, sur l'ensemble du disque, plus le plaisir pris à la rareté de l'association du marimba et du violon, se mêle à la découverte de phrasés inventifs, plus le duo « Contrastes » paraît enferré dans une exécution cadrée, propre, polie. Si bien que le disque, structuré en va et vient (pour qui l'écoute dans l'ordre), se présente comme un bonheur d'hésitation entre tradition et modernité, entre l'Histoire du tango et trois compositions plus récentes (d', et David Jones). Par quel bout qu'on prenne le disque, les musiciens réussissent à installer un climat si séduisant qu'il peut aussi donner envie d'un dépouillement plus sidérant. L'expérience est singulière, clairement. Du moins, l'auditeur peut-il perdre goût à la variété de ses excitations, tant la somptuosité des transitions est inégale. Le tango douloureusement délicieux Night Club 1960 (de Piazzolla) prépare bien les Contours de , paradoxalement mélodiste alors que bruitiste. Au contraire, les quadrillages de Legal Highs, le triptyque de David Jones, peuvent avoir un caractère improprement paysagiste après le Concert d'aujourd'hui de Piazzolla. Comme s'il fallait, encore, que le marimba soit enfermé dans des structures très mesurées, pour que le violon accède à quelque nervosité, en plus du seul cantabile. D'où cette ambiance nostalgique, souvent plus triste que synthétiquement mélancolique.

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