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La Tosca de Zinka

Le Royal Opera House de Covent Garden continue d'exploiter ses riches archives, en collaboration avec l'agence IMG Artists, en rééditant dans sa collection historique Heritage series La Tosca de Pucccini, telle qu'elle a été enregistrée, sur le vif à Londres le premier juillet 1957.

L'enregistrement sur le vif, à cette époque, possède un inconvénient par rapport aux enregistrements modernes. Il met à plat, sur le même plan sonore, les différents niveaux de l'action. C'est ainsi, dans le cas présent, que le Te Deum du premier acte, les gavottes du second et l'éveil de Rome du troisième n'ont pas le relief auquel nous sommes habitués, à la scène ou sur des disques plus récents. L'intérêt de ce document historique compense cependant largement ces réserves d'ordre technique.

La diva avait cinquante ans lors de cette représentation. Elle en était à sa quatre-vingt quinzième Tosca, qu'elle ne devait pas chanter plus de cent fois, et elle assume le rôle avec une efficacité passionnante. On entend cependant un léger essoufflement dans la tirade » Non la sospiri… » du premier acte, où elle doit considérablement alléger la voix dans l'aigu. Par ailleurs, « Vissi d'arte », le grand air du deuxième acte, est interprété comme une cantilène résignée, ce qui ne correspond pas à la conception habituelle de ce morceau. Les scènes de violence, dont le meurtre de Scarpia, prennent toutefois un relief étonnant compte tenu des réserves techniques citées plus haut.

A l'époque de cette captation, on pouvait entendre les Tosca de Maria Callas, Renata Tebaldi, Vittoria de los Angeles et autres Régine Crespin. Si n'arrivait pas toujours à leur niveau, elle campe néanmoins une Tosca éminemment crédible, et elle reste infiniment meilleure que certaines rigolotes actuelles cocoonées par la technique.

En face d'elle, le jeune est son peintre amoureux et républicain. Porté par l'enthousiasme dont l'entoure la partition, il déploie des qualités de force et de timbre remarquablement séduisantes. Ses « Vittoria » du deuxième acte justifient à elles seules l'achat de ce disque. Et que dire d'« E lucevan le stelle » ? Giangiacomo Guelfi est ici Scarpia, avec des arguments vocaux et musicaux assez exceptionnels. Son « Mi dicon venale » est digne d'anthologie.

Les différents comprimarii sont, comme souvent chez Puccini, difficiles à comprendre, ce qui exige de suivre un livret qui n'est malheureusement donné qu'en italien et en anglais, pour comprendre les détails de l'action. Parmi ces comprimarii, un accessit peut être accordé au très bon Spoletta de David Tree.

Quant à la direction d', elle suit plus qu'elle ne précède les chanteurs et pâtit beaucoup de l'aplatissement technique de l'enregistrement.

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