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Harnoncourt : Toute la fougue et l’audace du jeune Mozart

Avec ce coffret, Deutsche Harmonia Mundi réunit les interprétations des symphonies de jeunesse de par , et complète ainsi une quasi-intégrale (manquent les Symphonies n°2 et 3) de très longue haleine, puisque les symphonies de la maturité furent enregistrées avec le Concertgebouw dès le début des années 1980.

Rien de ce qui compose ce coffret, enregistré sur toute la décennie 1990, n'est inédit : une partie des symphonies est parue en trois disques séparés en 1998 chez Teldec (Symphonies n° 10, 11, 13, 14, 16, 17, 18, 20, 21, 42, 44, 45, 46) alors que le reste n'a jamais été publié par l'éditeur historique de Harnoncourt. Ces symphonies manquantes ont attendu 2004 et 2006 pour être proposées par DHM, le nouvel éditeur de Harnoncourt, en deux coffrets de deux disques, qui étaient complétés par des extraits des lettres écrites par le jeune Mozart en tournée, lues par les petits enfants du chef.

La réunion de tous ces disques épars est une aubaine, pour le prix très économique du coffret, mais surtout parce que Harnoncourt est ici à son meilleur, et a le grand mérite de jouer ces œuvres parce qu'elles l'intéressent, et pas pour faire le nombre, et compléter à tout prix une intégrale. A la tête d'un Concentus Musicus somptueux, il rend l'écoute de ces symphonies passionnante, car il prend chacune au sérieux, accentuant la théâtralité, la surprise et les ruptures contenues dans ces œuvres, et il fait du jeune Mozart un bouillonnant émule de Joseph Haydn et du mouvement Sturm und Drang. Exalté, Harnoncourt bouscule parfois les œuvres, mais n'est jamais forcé, et si le costume qu'il taille à ces symphonies est parfois un peu large pour elles, elles n'ont jamais sonné de façon aussi évidente et énergique. Et face à ces allegros tranchants, fougueux et pleins de vie, à ces mouvements lents doux et souvent très retenus, à l'atmosphère raréfiée, à ces menuets à la robuste carrure rythmique, servis par un orchestre en pleine forme, les rivaux de Harnoncourt sur instruments anciens paraissent fades et trop sages (Hogwood chez L'Oiseau Lyre), manquer de détermination (Pinnock chez Archiv), ou encore sec et sans âme (Van Zweden, dont l'orchestre est très faible, chez Brilliant).

Un coffret qui doit figurer dans toute bonne discothèque mozartienne, car il fait aimer ces symphonies méconnues et trop souvent mal considérées.

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