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Emouvants derniers récitals de la légendaire Kirsten Flagstad

Difficile d'écouter ce disque sans être étreint par une profonde émotion suscitée par la voix d'une immense artiste qui jette ici ses presque derniers feux, convaincue de justesse par John Culshaw, fameux manager de la grande époque DECCA, de reprendre le flambeau pour quelques séances d'enregistrement, dont sa participation dans le célèbre et inégalé Ring dirigé en studio par Georg Solti où elle interprète Fricka dans L'Or du Rhin en 1958.

se trouvait alors à la fin d'une longue carrière commencée dans sa Norvège natale en 1913, à 18 ans à peine. C'est toutefois en 1935 qu'elle devint célèbre dans le monde entier, en interprétant le rôle de Sieglinde au Metropolitan. A partir de là, elle devint surtout connue comme wagnérienne hors pair, étant une formidable Brünnhilde et peut-être la plus grande Isolde de l'histoire, immortalisée par l'enregistrement justement légendaire, même si un peu tardif, dirigé par Wilhelm Furtwängler en 1952. A peine un an plus tard, en 1953, elle décida d'arrêter les représentations publiques, mais, comme presque de tradition chez les chanteurs d'opéra, l'arrêt ne fut pas brutal, il dura trois ans et ce n'est qu'en 1956 qu'elle s'interrompit réellement… mais provisoirement, grâce à l'intervention de John Culshaw. Toutefois, si elle se réserva alors pour le studio, elle accepta de revenir sur scène pour un récital consacré à Grieg à l'occasion du cinquantenaire de la mort du compositeur norvégien en 1957. C'est ce récital qui est publié sur ce CD de la série BBC Legends, complété par du Wagner, les Wesendonck-Lieder et la Mort d'Isolde enregistrés en 1953, également avec le dirigé par Sir .

La partie Grieg du CD, intitulé «Kisrten Flagstad's Farewell Concert», est enregistrée en public, applaudissements compris, au Royal Albert Hall de Londres, le 7-IX-1957. On y entend une artiste manifestement radieuse et heureuse de chanter ces dix mélodies de Grieg, pour la dernière fois en public. La maîtrise du chant est magnifique et constitue la grande leçon de ce récital. On devine, faute de comprendre le norvégien (et le texte chanté n'est pas fourni dans le livret), que chaque inflexion ou intonation est impeccablement pensée et réalisée, tout est là pour captiver l'auditeur, en restant d'une grande sobriété. La voix a gardé son timbre, et le charme agit à fond dans ces Grieg qui ne sollicitent pas la voix au-delà de ce que Flagstad était encore capable de donner. Ajoutons que ces mélodies, assez simples et très naturelles, sont fort agréables à écouter, et que l'accompagnement d'une grande intelligence de participe à l'émotion de ce concert, partagé par tout le public dont on entend les applaudissements entre chaque chant.

Les deux Wagner de 1953 sont moins originaux dans la carrière Flagstad et on écoutera plus volontiers les Wesendonck-Lieder, admirables d'intelligence même si la voix n'a plus la vaillance d'une Walkyrie, ce qui n'est pas utile ici, mais un peu plus dans la Mort d'Isolde dont on préférera les versions avec Furtwängler.

En bonus, un court (5'29) hommage de John Culshaw à Kisrsten Flagstad, où il explique dans un anglais académique de gentleman (non traduit dans le livret) comment il a pu décider la chanteuse à revenir, momentanément, sur sa décision de ne plus chanter en public et d'enregistrer encore quelques disques. Et de rappeler que cette grande wagnérienne a chanté bien d'autre chose dans sa carrière comme La Chauve-Souris, Le Baron tzigane, La Belle Hélène, Aida, Otello

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