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L’orée d’une carrière exceptionnelle

A vingt ans à peine, la guitariste  collectionne déjà les premiers prix d'interprétation dans les grands concours internationaux. Elle réalise ici son premier disque, annonciateur d'une belle carrière à venir. Le choix même des œuvres « pour guitare seule » dénote de l'esprit de la jeune virtuose à l'orée d'une carrière internationale au plus haut niveau.

Avec des pièces de Scarlatti, Mertz, Paganini, Brouwer, Dyens, l'artiste nous invite à partager l'élégance d'œuvres aussi pointues techniquement, demandant une habilité musicale digne d'un instrumentiste chevronné, qu'exigeantes du point de vue de la sensibilité musicale, domaine où musicalité et intuition ne peuvent se conjuguer qu'à la condition que l'instrumentiste donne de sa personne.

Dans pareil cas, Schopenhauer ne disait-il pas quelque chose comme : « le langage ne peut que servir à célébrer la beauté ; il ne parvient pas à l'exprimer ».

Avec les pièces de , guitariste et compositeur cubain qui a vraiment enrichi le répertoire, nous avons affaire avec une approche rhapsodique, une texture légère et transparente, des arabesques toujours plus lentes puis, enfin, une cascade de tonalités avec la Toccata finale, un milieu pour l'expression virtuose des tonalités de l'instrument.

Si Scarlatti n'est pas forcément considéré comme un guitariste éminent, il n'en demeure pas moins qu'il consacra le dernier tiers de sa vie à composer pour cet instrument ; soit au final une production tout à fait importante parmi laquelle 555 sonates nous sont parvenues. L'influence du folklore espagnol pour guitare se fait sentir ; ici les trois pièces interprétées imposent un accent galant, ludique, presque espiègle et dansant.

La Fantaisie de Mertz ici présentée offre un autre point de vue : à partir de l'arrangement d'un thème célèbre aux dimensions plus amples, la guitare avec ses ressources techniques trouve à s'exprimer, tantôt subtile, tantôt plus sensible, mais toujours au service d'une beauté sonore exceptionnelle.

La Grande sonate pour guitare seule de Paganini est peut-être le moment du disque où les spécialistes « attendront » l'instrumentiste. Techniquement difficile, l'œuvre exploite toutes les possibilités de la guitare (traits ultrarapides, ornements étriqués, trémolo…) et exige un investissement fort ; une manière tout autant incisive que personnelle. Il semble bien que le défi soit relevé !

Le disque s'achève avec la Libra sonatine de Roland Dyens, guitariste et compositeur vivant en France pour qui l'improvisation est prépondérante. L'œuvre très expressive explore des champs sonores mélodiques et harmoniques nouveaux, tantôt très amples – emprunts de rêverie –, tantôt plus tendus – au fort accent de jazz. Une composition où la sensibilité de l'instrumentiste trouve encore une fois à s'exprimer, œuvre dynamique où surgissent des fragments de motifs rythmiques et mélodiques audacieux ; avec un final tempétueux pour clore une belle palette sonore.

Guitare de haute technicité d'exécution, guitare galante, guitare romantique, guitare mélodique ; in-fine guitare universelle. Un premier disque qui témoigne du grand potentiel artistique de  !

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