Le caractère hybride de Scriabine, compositeur à la fois romantique, violent et malsain peut s’avérer redoutable pour les interprètes, d’autant que sa personnalité a évolué de façon spectaculaire entre ses premières œuvres, profondément romantiques et ses dernières, beaucoup plus dûres, gouvernées par la démence et le désir de vision.
Face à cette personnalité complexe, Irina Lankova privilégie l’aspect romantique, mettant souvent de côté la folie scriabinienne, notamment dans la Sonate n°9 qui impressionne par sa lucidité et sa froideur implacable.
La finesse des traits de Scriabine est parfaitement retransmise dans cet enregistrement de bonne qualité, sage dans l’ensemble, assez rachmaninovien, auquel il manque certainement la fièvre mentale de Michael Ponti (Voxbox) pour en faire un enregistrement de référence mais où Lankova ne laisse pas indifférent, tant certains passages laissent rêveurs. Signalons enfin que la célèbre Etude op. 8 n°12 est très originalement interprétée, avec rythmes et tempi vraiment personnels.