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Elektr…ah !

Covent Garden poursuit ses » Heritage series » avec un enregistrement d'une représentation qui se tint en ses murs le 29 mai 1958 : Elektra de , sous la direction de .

Quel que soit le talent des chanteurs, Elektra est d'abord un opéra de chef d'orchestre et, ce jour-là, a assuré sa partie brillamment, illustrant avec une rigueur éclatante les nombreuses facettes de la partition. Le moins curieux n'est pas la présence de citations anticipées du Chevalier à la Rose, qu'il distille avec un art inouï. On pense notamment, à celles qui se trouvent dans le premier air de l'héroïne, où elles créent une dimension étonnante dans la psychologie du personnage. Pour rester dans les détails, la délicatesse avec laquelle l'orchestre souligne les différentes allitérations ou les rimes du texte d'Hofmannsthal est un autre attrait de ces disques. Ou bien encore le mot Krank (maladie), qui est souligné différemment selon qu'il est utilisé en tant qu'adjectif ou en tant que substantif. Si les détails sont si parfaits, que dire de l'ensemble : du rythme subtilement crescendo qui crée une sorte de suspense sinusoïdal qui envoûte l'auditeur qui consent à être attentif.

Sur le plan du chant, ce 29 mai 1958 était aussi un grand jour. Elektra est chantée par qui, malgré le talent indéniable dont elle fait preuve ici, n'a pas laissé beaucoup de souvenirs autres que cet enregistrement. Elle suit la progression voulue par le compositeur et par le chef et participe à la valeur de cette gravure. Il en est de même de Georgine von Milinkovic qui interprète Klytämnestra avec un sens dramaturgique et musical impeccable. Les aigus d'Hedwig Müller-Bütow qui incarne Chrysothemis sont parfois un peu courts et la chanteuse crie un peu trop à la fin de l'opéra. L'Orest d' est tiré au cordeau et contribue à faire de sa scène le sommet de l'ouvrage. Edgar Evans est un Aegisth de bien bonne qualité, cantonné dans le médium où Strauss condamne la plupart de ses ténors.

Les moindres petits rôles sont chantés à la perfection et l'on remarque, particulièrement, la troisième servante de , au milieu d'un quintette hallucinant. Du point de vue de la prise de son, si l'ensemble paraît quand même un peu plat pour nos oreilles numérisées, la technique ne fait pas vraiment souffrir et quelque chose de Strauss est là… C'est l'essentiel.

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