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Berio électrique à l’Orchestre Philharmonique de Liège

Belle affluence liégeoise pour un concert des plus intéressants et des plus logiques : si sur le papier l'alliance entre Schubert et Berio peut paraître incongrue, elle est musicologiquement juste car le compositeur italien était fasciné par le compositeur viennois, au point de tenter une interprétation très personnelle des esquisses de la Symphonie n°10 de Schubert dans Rendering [1889-1990].

La première partie du concert est consacrée à deux pièces symphoniques de l'auteur du Voyage d'Hiver. En court apéritif, et ses musiciens nous proposent une interprétation légère et subtile de l'ouverture « dans le style italien ». Le chef peut compter sur des musiciens attentifs et surtout sur une petite harmonie virevoltante. Première pièce de résistance du programme, la Symphonie n°3 est expurgée de toute esthétique pastorale ou champêtre à la Karl Böhm. Rophé impose un Schubert rapide, sec et assez tendu. On a parfois l'impression d'entendre une symphonie de Beethoven sous cette direction plutôt soucieuse de progression et de construction. Encore une fois, les vents et surtout la clarinette de Jean-Luc Votano et le hautbois de Sylvain Cremers, font preuve d'une musicalité hors pair tirant les plus belles nuances de leurs instruments. Sans démériter, les cordes sonnent un peu trop raides dans une musique qui n'est pas vraiment au cœur du répertoire de l'orchestre.

Changement radical de style en seconde partie, avec une scène remplie des musiciens pour donner une interprétation de l'un des tubes du répertoire symphonique de la seconde moitié du XXeme siècle : la Sinfonia pour huit voix amplifiée de . Commandée par Leonard Bernstein pour le 125e anniversaire de la Philharmonie de New-York en 1968, cette pièce éruptive et dionysiaque n'a pas vieilli en dépit d'un programme assez complexe, avec les multiples thèmes et citations dont regorge sa troisième partie In Ruhig basé sur le troisième mouvement de la Symphonie n°2 de Gustav Mahler. L'ensemble étant tout compte fait assez révélateur des préoccupations interrogatives très « soixante-huitardes » des compositeurs de cette génération. Chaque programmation de la Sinfonia soulève généralement l'enthousiasme du public. Pourtant, une partie, certes minoritaire, des mélomanes manifesta son hostilité devant cette partition en quittant, avec souvent peu de grâce, la Salle Philharmonique pendant l'exécution, laissant décontenancé. La grande majorité des auditeurs qui choisit de rester jusqu'aux dernières notes, fut bien heureusement récompensée par une interprétation vigoureuse, dynamique mais sensuelle de cette musique de collages géniaux et de raffinements sonores. Rompu à cet exercice de style particulier les voix des sont magnifiques.

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