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Orthodoxie russe totale pour l’œuvre violonistique de Tchaïkovsky

Ce n'est pas la première fois que Naxos nous propose l'œuvre pour violon et orchestre de Tchaïkovski : il y a quelque temps déjà, le soliste Mariko Honda nous avait offert un programme semblable, toutefois amputé de la Valse-Scherzo (Naxos 8550124), interprétations très honnêtes, mais un peu trop lisses, trop placides, au point que même sans cette Valse-Scherzo, le disque de Mariko Honda dure deux minutes de plus que celui d' qui, lui, nous offre réellement l'intégralité de l'œuvre pour violon et orchestre du compositeur russe.

La première œuvre est la Sérénade mélancolique, commandée par Leopold Auer et créée par Adolf Brodsky en 1876. Le Concerto pour violon (1878), inspiré par la Symphonie Espagnole d'Édouard Lalo, fut également créé par Brodsky, malgré la dédicace à Leopold Auer qui le jugea injouable, mais qui l'exécuta finalement après maintes coupures et révisions adoptées notamment par Jascha Heifetz et Mischa Elman. Fort heureusement, de nos jours, l'œuvre est la plupart du temps interprétée dans son intégrité, telle qu'elle nous est présentée dans cet enregistrement.

C'est en 1877 que Tchaïkovsky écrivit la Valse-Scherzo, originellement pour violon et piano, page dédiée à Iosif Kotek qui l'avait incité à écrire son Concerto pour violon ; ce fut toutefois Stanislaw Barcewicz, élève du compositeur, qui créa cette pièce sans prétention deux ans plus tard. Tchaïkovsky n'étant pas satisfait de la première version du mouvement lent de son Concerto pour violon, il la remplaça par la Canzonetta bien connue, tandis que le premier jet, sous le nom de Méditation, se retrouva en première partie d'une suite de trois pièces pour violon et piano intitulée Souvenir d'un lieu cher (1878), en remerciement à sa bienfaitrice Nadezhda von Meck pour son hospitalité dans son domaine à Brailov, en Ukraine.

Les interprétations proposées par et l'Orchestre Philharmonique de Russie sont solides et pleines de santé, plus tournées vers la bravoure que vers la poésie : nous aurions en effet souhaité plus de cette poésie dans le Trio du Scherzo du Souvenir d'un lieu cher, ainsi que dans la sombre et tendre Sérénade mélancolique, surtout de la part de l'orchestre qui, après une attaque des vents bien imprécise, en exécute trop rapidement l'introduction, et comme une simple lecture de solfège. Mais au total, ce CD est parfaitement recommandable, car, tout comme celui de Julia Fischer, il nous offre un panorama vraiment exhaustif de l'œuvre violonistique de Tchaïkovsky, dont une excellente version du Concerto pour violon exécuté, comme cela semble devenu la coutume actuelle, au moins chez les Russes, dans sa version originale et complète.

Un dernier point : tout comme l'ancienne version Naxos, ce nouveau CD adopte l'orchestration de Glazounov relative au Souvenir d'un lieu cher, contrairement au disque Pentatone classics de Julia Fischer qui interprète la version originale pour violon et piano. On peut valablement hésiter entre les deux versions (ou acquérir les deux !) ; toutefois signalons que contrairement à celle de Mariko Honda, l'interprétation d' de la Mélodie, troisième et dernière partie du Souvenir d'un lieu cher, ampute les quelques mesures d'introduction qui ne sont pas de la main de Tchaïkovski, mais ajoutées par Glazounov.

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