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Péplum de Nasser Martin-Gousset : de bruit et de fureur

Dans cette toute première « superproduction » (il est également l'auteur de Bleeding Stone (2000) et Neverland (2002) ainsi que de plusieurs solos) le chorégraphe , par ailleurs interprète fétiche de Joseph Nadj, fait preuve d'un sens aigu de la mise en scène.

Il signe avec Péplum un hommage appuyé et d'une grande efficacité au cinéma hollywoodien en général et aux péplums en particulier. Mais pas n'importe quel péplum ! Cléopâtre, le film de Joseph L. Mankiewicz interprété par le couple mythique que formaient Liz Taylor et Richard Burton. En choisissant de projeter dès le début du spectacle la traduction des répliques cultes du film que l'on entend en voix off, pendant que la danse s'efface, utilise la force d'évocation des voix des comédiens, magnifiant la bande-son au détriment des images. Comme dans les différents actes d'une tragédie s'y intercalent des scènes de danse, dans une ambiance fascinante et vénéneuse digne de Pasolini ou, plus prosaïquement, du feuilleton américain Rome diffusé la saison dernière sur Canal +. C'est en effet le portrait d'une Rome débauchée et décadente, d'un empereur jouisseur, pervers et sensuel que le chorégraphe nous propose dans des tableaux d'une belle puissance dramatique. Fort de ses dix interprètes, sait infuser sa gestuelle et sa « rock attitude » à l'ensemble des danseurs, dans une flamboyante séquence dansée en robes du soir. Trois musiciens les accompagnent en direct, avec une intensité croissante, tandis que les corps s'enchevêtrent, se battent ou s'effondrent, surveillés par un centurion impassible. Fermant les yeux sur la violence, le sexe et les larmes qui se déchaînent sur le plateau, le soldat finira par se joindre au groupe, malmené, dévêtu, violé… De séquence en séquence, Nasser Martin-Gousset expérimente de nouveaux effets spéciaux en véritable deus ex machina ayant pouvoir de vie et de mort sur ses interprètes. Il lève sur écran géant une armée des clones, dupliquant sa gestuelle saccadée à l'infini, ou fait s'abattre par caméra vidéo interposée une tempête de sable doré sur les danseurs, les transformant en corps pétrifiés. Des images puissamment évocatrices qui enrichissent une écriture chorégraphique parfois un peu pauvre, mais enveloppée dans le luxe d'un écrin de velours pourpre.

Crédit photographique : © Eric Vigier

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