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Hendrik Andriessen, ou la musique néerlandaise à découvrir

La musique néerlandaise est encore trop peu connue de nos jours pour passer sous silence cette remarquable production du label Etcetera qui nous propose un vaste panorama de l'œuvre symphonique de (1892-1981), l'un des pères de cette musique aux côtés de Bernard Zweers (1854-1924), Alphons Diepenbrock (1862-1921), Bernard Van Dieren (1887-1936), Matthijs Vermeulen (1888-1967) et Willem Pijper (1894-1947). lui-même appartient à une vaste famille de musiciens dont les plus marquants comme compositeurs sont Jurriaan (1925-1996) et Louis (né en 1939), et d'ailleurs la brochure accompagnant ce bel album est due en grande partie à ce dernier.

L'intérêt ici est de pouvoir enfin disposer, pour la toute première fois, de l'ensemble des quatre Symphonies du compositeur, à l'exception donc de la Symphonie concertante pour orchestre (1962). En effet la Symphonie n°1 (1930) était parue il y a bien longtemps déjà en un microsillon mono Donemus accompagné de la partition, dans une interprétation en public, différente de celle en studio proposée ici, cette dernière ayant impressionné favorablement le compositeur. Les Symphonies n°2 (1937) et n°3 (1946) furent éditées par après, toujours en LP Donemus (DAVS 7071-3) dans ces versions stéréo mêmes que nous retrouvons sur ce CD, tandis que la Symphonie n°4 (1954) reçoit, à notre connaissance, sa première publication en disque.

À la lecture des titres et sous-titres des œuvres proposées ici, il est évident que l'auteur du Miroir de Peine fit souvent référence aux formes musicales du passé : Variations, Fugue, Fantaisie, Pavane, Rondo, Ouverture, Sonate, Sarabande, Ricercare ; ce qui d'ailleurs n'implique nullement que son style n'évolue jamais. Loin d'être prisonnier d'une forme ou l'autre d'expression, Andriessen recherchait constamment de nouveaux moyens de traduire sa pensée, allant d'un impressionnisme discret allié à la modalité (Symphonie n°3) jusqu'à l'utilisation libre de la technique sérielle (Étude Symphonique, 1952 ; Symphonie n°4). Sa musique, tournée vers une expression sérieuse et souvent empreinte d'une sorte d'inquiétude sous-jacente, offre toutefois moins de difficulté d'accès que celles de Pijper ou surtout Vermeulen.

En ce qui concerne les interprétations, nous n'avons guère le choix, puisque ces exécutions sont apparemment les seules disponibles, mais d'emblée elles se situent toutes à un très haut niveau : il convient de mentionner tout particulièrement celles du bien oublié (Variations sur un thème de François Couperin, Symphonie n°2), splendides, et du grand chef français (Symphonies n°3 et n°4, Étude Symphonique), exceptionnelles.

Cette réalisation comble donc une importante lacune dans la connaissance et l'appréciation de la musique néerlandaise, et si l'aspect concertant est bien présent dans ce bel album, avec les Variations sur un thème de François Couperin pour flûte solo, orchestre à cordes et harpe (1944), il ne faudrait pas ignorer les œuvres tardives d'Andriessen, à savoir le Concerto per violino ed orchestra (1968-69), le Concertino pour hautbois et orchestre à cordes (1969-70), le Concertino pour violoncelle et orchestre (1970) et les Variations Chromatiques pour quatuor solo (flûte, hautbois, violon, violoncelle) et orchestre à cordes (1970) (NM Classics 92066).

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