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Felicity Lott : une grande Dame

L'Opéra-Théâtre d'Avignon et des Pays de Vaucluse accueillait pour la première fois mardi 3 avril 2007. Elle était accompagnée de son partenaire de (presque) toujours, le pianiste , condisciple et complice.

De la voix de , on a déjà tout dit : pureté, fraîcheur, légèreté. Le public avignonnais a pu effectivement, dans ce récital, apprécier sa tessiture, régulière et efficace dans tous les registres.

Pour la première partie, dans les lieder de Mahler, Schumann et Wolf, sur des textes de Gœthe et Rückert, elle a su entraîner le public d'un univers à l'autre, toujours avec délicatesse : elle a glissé de la sérénité à l'insouciance (soulignée par le piano, délicieusement primesautier) et de la nostalgie romantique jusqu'au versant le plus lumineux de l'élégie amoureuse. On n'hésitera pas à affirmer que le public a eu raison, qui n'a pas ménagé ses applaudissements à tel ou tel morceau plus léger : c'est là que trouve sa pleine mesure, et que les spectateurs la rejoignent dans la jubilation.

Oui, c'est précisément dans la fantaisie que se révèlent toutes les qualités de la comédienne – et de la femme – tout autant que de la cantatrice. Mutine, enjouée, malicieuse à souhait… En deuxième partie en effet, elle nous régale de pages françaises plus légères, sur des poèmes de Baudelaire ou Sacha Guitry : Duparc (L'invitation au voyage), Debussy (Le jet d'eau), Sauguet (Le Chat), Capdevielle (Je n'ai pas oublié)… On a parfois dans l'oreille d'autres voix, d'autres arrangements, d'autres mélodies, de ces mêmes poèmes, si souvent adaptés. Mais il faut reconnaître que le choix ici est tout à fait judicieux pour la voix de Felicity Lott. Et il faut l'entendre interpréter Guitry, mis en musique par Hahn et Messager, avec une fausse désinvolture, avec gourmandise, avec gouaille, jamais avec cynisme. Et il faut la voir et l'entendre épeler maladroitement l'English lesson de Noël Coward, digne de la Cantatrice Chauve ; puis la voir minauder dans le célèbre J'ai deux amants… et poursuivre dans trois rappels successifs. Elle retrouve alors la Belle Hélène qui a également fait sa réputation (« Dis-moi Vénus »), puis feint l'ivresse (« Je suis un peu grise », de la Périchole), avec beaucoup de charme… Quelle comédienne, de très grande classe ! Un récital qui se déguste avec l'œil tout autant qu'avec l'oreille. Qui se déguste comme une rasade de champagne, légère et jubilatoire…

Crédit photographique : © Trevor Leighton

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