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Telemann, le moderne

L'œuvre de est si féconde que lui-même en son temps ne pouvait en dresser la liste. Compositeur s'intéressant à tous les genres musicaux mais également musicien, il jouait du clavecin, de la flûte à bec, de l'orgue, de la flûte traversière, du hautbois, du violon, du chalumeau, de la viole de gambe, de la contrebasse et même du trombone. Le caméléon Telemann imagine des combinaisons instrumentales, crée mais respecte pour autant les courants musicaux de son époque. Il s'imprègne ainsi du style français de Couperin, de Rameau et de Lully et du goût italien des Vivaldi et Corelli. A la fois ami et rival de Jean-Sébastien Bach, il fut célèbre dans toute l'Europe en son temps et sa position en Allemagne du Nord fut même parfois plus considérable que celle de Jean-Sébastien Bach. Telemann, l'infatigable, reste aujourd'hui un moderne dans le style, aidé d'une puissance de création rarement égalée.

Ce CD Intégral Classique nous offre ici deux concertos et deux suites, avec dans chaque cas une tonalité mineure et une tonalité majeure. Si les deux concertos restent somme toute classiques, mais très bien interprétés, les mouvements d'introduction font ressortir les influences françaises alors que les motifs grave et largo font penser à Corelli. Le mélange est savant et subtil. Les deux suites sont intéressantes à plus d'un titre. La Suite en la mineur avait pour titre original « Ouverture pour flûte à bec, deux dessus, viole et basse ». D'un style que l'on pourrait caractériser de pompeux, c'est pour autant l'entraînement par les danses : les Plaisirs tout d'abord, morceau très majestueux, puis un Menuet, une Réjouissance reprenant le thème principal des Plaisirs, des Passepieds et enfin, une Polonaise. On n'en finit pas de tourner et de se réjouir. La Suite en sol majeur dite « la Bizarre » a des ouvertures qui font penser à Bach et pourtant les danses qui se suivent ne contiennent pas d'Allemande mais une suite de danses françaises, Courante, Gavotte, Branle, Sarabande, Fantaisie et Menuet pour finir sur un rossignol. Une Gavotte légère, un Branle saccadé, une Sarabande royale un brin nostalgique… tout cela semble bien français me direz-vous.

L'interprétation de Antiqua Provence sonne juste, en continu sur tout l'enregistrement. On reconnaît bien la signature de à la flûte (voir également notre chronique du CD Veracini), dont les articulations sont parfaites, tant dans les largos que dans les allegros ou plaisirs, avec un souffle toujours égal.

Le CD est très convaincant, avec un équilibre parfait entre instruments à vents et cordes, entre instrument solo et basse continue. Définitivement un bon moment, puissant et délicat, juste et sensible.

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