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Donizetti, un très grand cru !

Voici une intégrale du chef d'œuvre de Donizetti tout à fait envoûtante.

Enregistrement historique datant de 1949 au vieux Met, elle réunit les meilleurs interprètes disponibles du moment, qui se disputent les faveurs d'un public enthousiaste. L'affiche fait rêver plus d'un amateur de belles voix et c'est grande chance que de pouvoir bénéficier de cette interprétation dans un son qui est plutôt bon, compte tenu de son âge. En tout cas les voix sont très présentes et il est possible de se faire une idée précise des gloires du chant ici enregistrées.

La direction de Giuseppe Antonicelli est efficace mais c'est avant tout une véritable leçon de chant et de théâtre qui nous est donnée. Ferruccio Tagliavini passait pour avoir les qualités vocales de Tito Schipa et de réunies ! Il faut reconnaître que ce timbre exquis est extrêmement prenant. Les demi-teintes sont très poétiques et le personnage campé est plein d'énergie, de charme, d'esprit et même d'autorité vocale. Ce rôle était un de ses meilleurs et cela s'entend. Quelle ligne et quelles nuances dans « una furtiva lagrima » !

Bidù Sayao était une soprano brésilienne connue pour ses prouesses vocales (Lakmé, Traviata) mais surtout pour un timbre prenant et un charme personnel inimitable (Juliette, Manon, Mélisande, Mimi). Ici elle a tout cela plus un humour très piquant. Ce rôle de coquette plus sensible qu'elle ne veut l'admettre lui convient donc à merveille. Belcore n'a pas une voix moins glorieuse, en effet Giuseppe Valdengo est connu pour ses intégrales verdiennes sous la direction si exigeante de Toscanini. Lui aussi apporte à son rôle une voix extraordinaire, une diction parfaite et un chant généreux et stylé. Salvatore Baccaloni a également une très belle voix qu'il met au service du théâtre. Ce qui fait le prix de son interprétation est sa faconde impayable car ce qui frappe dans cette version c'est un esprit théâtral perceptible (rires du public) et avec cette qualité vocale qui semble d'un autre âge. Des timbres serrés, délicats et capables de nuances inouïes. La fin du premier duo Adina- Némorino est électrique. Comment des voix qui semblent aussi délicates sont-elles capables de remplir, (et comment ! ) le vieux Met ?

Certaines choses datent un peu, comme le roulement des R ou la durée des notes tenues, mais quel bonheur d'entendre chanter ainsi, avec cette générosité et cette franchise ! Merci à Membran Music pour cette réédition vraiment goûteuse. 1949 au Met est un très grand cru, subtil, coloré et généreux, il provoque des émotions variées. À écouter pourtant sans modération, aucune !

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