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Dixit Dominus et Magnificat intemporels

Bien que son inspiration ait toujours été d’une grande qualité, Scarlatti (le père) n’a jamais adhéré à toutes les nouveautés musicales du début du XVIIIe siècle. Cet enregistrement d’œuvres « archaïsantes » montre la valeur intemporelle de ce compositeur.

Le Dixit Dominus qui ouvre le CD est tout entier écrit dans le style ancien hérité du contrepoint franco-flammand : style polyphonique « pur », semblant planer délicatement au-dessus des contraintes matérielles. On ne sait s’il s’agit d’un hommage aux anciens ou d’une tentative de rivaliser avec eux à travers les âges, toujours est-il qu’en découvrant cette œuvre, il est impossible de déterminer son époque exacte de composition. L’interprétation lisse, à la dynamique sage, aux phrasés souples renforce la beauté intemporelle de cette très belle pièce toute de style osservato.

Les madrigaux qui suivent sont beaux, mais les modèles sont écrasants et l’inspiration n’est pas à la hauteur de celles des maîtres florentins. Trop de contrepoint tue l’intelligibilité du texte. La musique paraît bien plus intellectuelle que sensible. Les voix acides des sopranos manquent singulièrement de corps et de chaleur pour évoquer la sensualité de l’amour.

La perfection stylistique et interprétative est de retour pour le superbe Magnificat qui clôt le CD. Nous retrouvons la splendeur de cette musique qu’on peut qualifier (voix et texte mis à part) de « musique pure », mais agrémentée d’audaces plus modernes. Les nuances, les dynamiques, les changements de rythme sont plus appuyés. Cette pièce, plus longue que les précédentes, se développe ainsi dans plusieurs directions et paraît particulièrement variée. Les voix ont vraiment été choisies pour cette musique et sonnent à nouveau superbement.

En somme l’irruption vers la musique profane n’est pas convaincante. Reste la beauté immanente des deux pièces sacrées qui fait de cet enregistrement une belle réussite.

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