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Lauréats du Reine Elisabeth, la révélation Plamena Mangova

Concours Reine Elisabeth 2007

Après l'assez décevante première partie des concerts des lauréats du CMIREB, on se réjouissait d'entendre les trois premiers lauréats, accompagnés pour l'occasion par l'Orchestre Philharmonique de Liège dans un programme de parade des plus sympathiques où (comme lors de la précédente soirée), les primés avaient fait l'effort de renouveler leur programme de finaliste évitant à l'auditeur, exténué par un mois de concours, l'idée de devoir subir un énième n°3 de Rachmaninov ou de Prokofiev…Mais l'ambiance était aussi dans la salle avec de nombreux musiciens, anciens et frais lauréats, diplomates, sponsors… Le tout pressé de pouvoir observer l'arrivée du couple royal accueilli comme il se doit par l'hymne national la Brabançonne ou d'apparaître à la télévision qui retransmettait l'événement.

Classé troisième, le suisse ouvrait le bal avec un Concerto en sol de Ravel très ciselé. Le toucher du pianiste est limpide et par sa musicalité naturelle, il parvient à instaurer un climat chambriste dans le superbe mouvement lent. C'est de la musique pour la musique, sans fioriture qui sans toucher le cœur, sait créer une belle ambiance que l'on aurait tout de même aimée plus fruitée car c'était plus un Ravel des alpages qu'un Ravel méditerranéen.

Entendue lors de sa prestation, la Bulgare frappait un grand coup avec un Concerto n°1 de Tchaïkovski absolument phénoménal dans ses prises de risques et ses ruptures. La technique est impressionnante et la musicienne peut se permettre les plus infinis contrastes entre les phrasés et oser les plus implacables nuances. Le premier mouvement « casse la baraque » et emporte tout sur son passage, mais sans jamais verser dans le brutal et démonstratif. Subjugué, le public ne peut retenir sa joie en applaudissant à la fin du mouvement. On reste sur les mêmes cimes, dans les deux derniers mouvements chauffés à blanc par l'orchestre et la pianiste.

La tâche était donc difficile pour la première lauréate, l'éblouissante dans un Concerto n°1 de Chostakovitch. Bénéficiant, elle aussi d'une technique hautement assurée et d'une variété de toucher des plus encyclopédiques, elle parvient à faire chanter avec émotion et sensualité cette musique. Trompette solo de l'orchestre, François Ruelle est un partenaire attentif au timbre clair aux attaques franches.

Tout au long de ce concert, l'Orchestre Philharmonique de Liège s'est montré un accompagnateur digne et inspiré sous la conduite d'un particulièrement concerné et impliqué dans sa tâche. Comme d'habitude avec cette formation, on pouvait apprécier la qualité des solistes et la puissance des tutti.

Une standing ovation vient récompenser comme il se doit les trois lauréats, qui se lancent à six mains dans une Romance de Rachmaninov. Au bilan de ces concerts des lauréats, on peut conclure à la découverte d'un grand talent à la personnalité peu commune et de très bons musiciens : , et . Le concours offrant de multiples engagements à ses lauréats, le public aura donc l'occasion de les réentendre très prochainement.

Illustration : © Concours musical Reine Elisabeth de Belgique

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