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Triumphale canticum ?

Faut-il être surpris de découvrir que la Suisse, où se croisaient toutes les routes de l'Allemagne à l'Italie, de la France à l'Autriche ait pu avoir son propre courant musical baroque ? Probablement pas, même si l'histoire n'avait retenu aucun nom de compositeur en particulier jusqu'à ce jour. Mais aujourd'hui, partout en Europe de jeunes ensembles cherchent à nous faire (re)découvrir ces musiciens bien souvent injustement tombés dans l'oubli.

En l'absence de prince mécène à la vie de cour fastueuse, c'est l'Eglise protestante dans un premier temps, puis des sociétés de musiciens amateurs dans un second temps qui, au XVIIe siècle, ont créé, en Suisse, des vocations articulées essentiellement autour d'une musique religieuse (psaumes, motets…) et parfois profane.

, organiste et maître de chapelle de la cathédrale d'Augsbourg, fit paraître cinq recueils de musique sacrée. Quel dommage, de ne pouvoir s'appuyer sur le livret qui accompagne cet enregistrement pour en savoir plus. Ce dernier (allemand/anglais) ne nous révèle rien ou bien peu sur Gletle. Difficile dès lors, de nous laisser persuader, même à l'issue d'une écoute attentive que ce compositeur serait le chaînon manquant entre Schütz et Buxtehude, comme on nous le laisse entendre. D'ailleurs on perçoit bien plus évidemment une forte influence italienne.

Et ce n'est pas tant les musiciens qu'il faut mettre en cause que, hormis cette notice pour le moins ascétique, la prise de son qui, à certains moments, se révèle bien mauvaise. L'attaque du Magnificat est totalement écrasée par un effet de résonnance des cuivres pour le moins inapproprié. et son ensemble semblent souhaiter nous démontrer qu'il est possible de jouer de la musique baroque avec un nombre important d'instruments, comme cela devait être le cas dans les églises (ou temples) de l'époque. Le problème est que l'enregistrement semble avoir été réalisé dans un endroit assez confiné. D'où, à plusieurs reprises, ces cuivres qui ont tendance à écraser les autres instruments.

Il y a pourtant de très jolis moments, avec de très belles voix et en particulier les deux sopranos qui interviennent dans des airs différents. On ne peut que porter une attention particulière à l'interprétation lumineuse et délicatement ornementée d'Agnieszka Kowalczyk. Susanne Rydén fait preuve quant à elle d'une réelle expressivité, toute de jubilatoire tendresse.

Pourquoi pas ? Si vous êtes curieux ; il n'existe que peu d'enregistrements concernant Gletle. L'ensemble Musica Fiorita, mérite cependant une écoute que le concert, dans ce type de démarche et de musique, doit offrir de façon plus convaincante.

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