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Intégrale de l’œuvre pour piano d’Albert Roussel

Si n'appartient pas franchement à la cohorte des artistes hyper-médiatisés, ses états de services n'en sont pas moins impressionnants. Né à Constantine en 1933, il poursuit sa formation au Conservatoire de Paris (classes de Lazare-Lévy et Lucette Descaves), se perfectionne avec Marguerite Long, joue avec l'Orchestre philharmonique de Berlin (1955-1958). Ainsi poursuit-il une brillante carrière de concertiste et de pédagogue tout en recevant de nombreuses marques de reconnaissance pour son travail.

Dans cet enregistrement de l'intégrale pour piano d', il trouve constamment le ton juste et respectueux de l'art pianistique du maître français. Si l'on a bien voulu reconnaître les marques d'influences esthétiques diverses dans l'art de Roussel (Vincent d'Indy et la Schola Cantorum, Debussy et l'impressionnisme, l'exotisme relié à ses lointains voyages… mais encore la manière d'Albéric Magnard ou celle de Déodat de Séverac), il paraît évident qu'il ne se permet jamais de copier ces sources prestigieuses. Au contraire, il reconstruit à sa manière l'impact de ses contacts divers et variés. Restreint en volume, ce corpus pianistique mérite l'attention et, en dépit d'une grande homogénéité stylistique, il évolue graduellement vers un classicisme rigoureux, dépourvu de sentiments, souvent froid et toujours pudique. Il y développe des rythmes francs parfois même agressifs et élabore une thématique minimale, relativement rigide et âpre. Les trois pièces de Rustiques, son opus 5 de 1904 s'inspirent, librement et sans programme précis, de paysages de la région parisienne (Forêt de Fontainebleau, Bords de Seine et du Loing). Elles offrent une certaine souplesse et rusticité qui ne seront plus au rendez-vous dans la Suite en fa dièse, œuvre de plus grandes dimensions élaborée en 1909-1910 et dont Blanche Selva, la dédicataire, assurera la création à la Société Nationale, à Paris, le 28 janvier 1911.

L'Accueil des muses (1920) en hommage à Debussy repose sur une démarche où l'émotion se transmute en pureté glaciale impressionnante. Enfin, les Trois Pièces constituant l'op. 49 (1933) brillent de leur dépouillement, de leur rudesse, de leur franchise rythmique et de leur expressivité toute classique. Un excellent éclairage roussélien d'un genre encore peu représenté et fréquenté.

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