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Plongée dans le détroit de Malacca

Mais qu'est ce qu'on ferait sans BIS ? Alors que les majors sont en panne d'inspiration et que les indépendants rechignent à investir dans le gros répertoire symphonique, le label suédois propose les affiches les plus improbables mais, tout compte fait, les plus enthousiasmantes de moment : Tchaïkovski et Medtner par l'Orchestre de São Paulo, Schnittke par l'Orchestre du Cap, l'Orchestre de Malaisie pour une anthologie Rimski-Korsakov et maintenant un album maritime par l'Orchestre de Singapour ! Le tout avec une qualité garantie BIS : une prise de son de démonstration et une notice de présentation exhaustive !

Le présent album, d'une rare intelligence thématique, nous conduit de l'Europe à l'Asie pour explorer l'inspiration océane des compositeurs. On ne présente plus les trois esquisses symphoniques, La Mer de . Dès les premières notes, l'oreille est attirée par la haute qualité et les timbres chatoyants de l'orchestre. La vision du chef est juste, avec des tempi et des dynamiques bien gérés. Il manque juste à cette version un meilleur fondu des phrasés et de la gestion des transitions thématiques pour s'affirmer comme une nouvelle version de référence de ce chef d'œuvre.

Autre pièce peu jouée en dehors des îles britanniques, The Sea de connaît ici sa plus belle interprétation. Créée en 1912 dans le cadre des Concerts « Promenade » de Sir Henry Wood, The Sea est une partition à l'orchestration brillante et aux sonorités ensorcelantes. Mettant bien en valeur la luxuriance de l'instrumentation, le chef d'orchestre efface sans problème de nos souvenirs, la version de Charles Groves et de son orchestre de Liverpool (EMI) qui pêchait par l'absence d'idées claires du chef et le disque plus compétent de James Judd (Naxos), mais avec un Orchestre de Nouvelle-Zélande bien inférieur à celui de Singapour.

Composée sous l'influence et en hommage à Richard Wagner, La Mer de Glazounov (1889) s'impose comme l'une des merveilles d'un orchestrateur de génie souvent en passe d'inspiration. L'instrumentation et la variété des thèmes plongent réellement l'auditeur dans des flots de sons. Le programme se clôt avec une pièce du compositeur chinois . Créée en 2004 par la flûtiste , la partition pour flûte alto, piccolo, timbales et harpes se place dans une veine très naturaliste. Le résultat s'avère fort bien troussé et orchestré avec soin. Là encore, la qualité de l'orchestre et la justesse des choix de son chef font mouche.

La grande compétence des interprètes et la variété des pièces présentées (qui tout compte fait n'avaient jamais été réunies sur un même disque) font de cet album, l'un des plus originaux de l'année.

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