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Arthur Rubinstein : l’apothéose de l’art pianistique

Réalisés pendant la dernière période de sa vie, ces enregistrements de représentent l'apothéose de l'art pianistique de Rubinstein, qui n'est pas seulement l'expression d'une virtuosité totalement accomplie mais surtout de son goût musical extrêmement raffiné.

Maitre incontesté dans l'interprétation des œuvres de Chopin, il vise à mettre en évidence la charge révolutionnaire de ce dernier, son esprit viril. Ses exécutions sont une sorte d'explication de la pureté et de la fierté de la musique de Chopin, dont chaque note est riche en émotion. On dit que Chopin avait toujours l'air d'improviser au piano. Il cherchait sans trêve, il inventait, il dévoilait petit à petit sa pensée. Cette sorte de fascinante hésitation, de surprise, de ravissement, est un trait incontestable dans l'interprétation de Rubinstein dont chaque modulation n'est jamais banale. La plupart des pianistes ont pour mauvaise habitude d'adopter, pour la musique de Chopin, un tempo toujours un peu trop rapide pour mettre en valeur une certaine maîtrise technique. Mais c'est proprement la lenteur originale, l'attention que Rubinstein imprime à chaque note qui rend ses exécutions toujours surprenantes et intensément émouvantes. Quel auditeur ne se laisserait pas emporter par la pureté des thèmes du Concerto en mi mineur que seul Rubinstein est capable de suggérer à ce point ?

L'art de ce « roi » du piano, son toucher subtil, son phrasé fluide, son « perlé » d'accords s'étend à tous les concerts contenu dans de ce coffret, de Grieg à Rachmaninov, en passant par Brahms. Un excellent exemple de son explosion de sentiments (et pas de sentimentalisme) est le Concerto en si bémol majeur de Brahms. La richesse des idées musicales du compositeur et la rare délicatesse de l'inspiration de Rubinstein atteint son apogée dans l'Andante, qui plonge l'auditeur dans une atmosphère paisible et enchanteresse.

Comme l'explique Frédéric V. Grundfeld, Rubinstein considérait l'idée que les disques pouvaient capter son jeu pour la postérité. Sa plus grande inquiétude était de ne pas toucher les âmes de son public, de ne pas communiquer avec lui. Ses magnifiques qualités artistiques, son énergie débordante n'ont jamais démenti ce constant souci de recherche émotionnelle.

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