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Barbara Hendricks chante pour elle

L'affection du public pour est gigantesque. C'est tout simplement la cantatrice contemporaine qui a vendu le plus grand nombre de disques au monde, dépassant largement le cadre étroit des lyricomanes. Elle a décidé l'an dernier de créer son label afin de résister aux dictats des majors. Après un récital hispanique, elle a choisi de consacrer son deuxième CD à . Doit-on l'en remercier ? Étrange disque au format inhabituel dans tous les sens du terme : Trop haut et pas assez large. Le malaise est grand.

Ces enregistrements, car il y a deux sessions, ne nous apprennent hélas rien de nouveau. est tellement engagé dans ses lieder qu'il est abominablement difficile d'en livrer toutes les facettes. Il faut une vraie voix, un pianiste hors pair, une compréhension parfaite du texte, une alchimie complexe associant l'intellectualisation, la sensibilité et une fausse candeur qui a joué des tours aux plus grands interprètes. Quand on regarde par exemple les versions disponibles de Frauenliebe und Leben, le vertige nous saisit, toutes les plus grandes sont là. Ce n'est pas faire injure à que de dire qu'elle ne peut les dépasser, ni même les égaler. Et ce, ni vocalement, ni au niveau du style ou de l'interprétation. La sympathie de la cantatrice pour le compositeur n'est pas un projet artistique suffisant. L'âme de contenue dans chacun de ses lieder n'est pas au rendez-vous. Pas une fois ! Dommage, vraiment…

La voix de n'a plus le charme, la jeunesse qui a fait son succès planétaire. À présent la couleur est trop uniforme, les nuances sont très amoindries, le vibrato très élargi tient lieu trop souvent de texture (Mondnacht !!), les mots sont appliqués et manquent de poésie et, systématique, le poitrinage des graves n'est pas élégant. Pourtant ce qui est le plus gênant, c'est la lassitude qui s'installe bien vite à l'écoute de ce CD, même si le piano de Roland Pöntinen est superbe tout du long et si la prise de son est propre et précise.

Ce CD est donc à réserver aux seuls fans de la cantatrice. Les amoureux de Schumann continueront à picorer ça et là des perles. Grand écart obligé entre l'hyper intellectualisme d'une Schwartzkopf et la simplicité apparente mais pleine de poésie de Sena Jurinac. Jessye Norman étant peut être la plus équilibrée. Sans oublier notre regrettée Régine Crespin …

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