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Glazounov avec compétence et probité par Tadaaki Otaka

Dans le cadre de l'exploitation de son fond de catalogue, le label Bis édite un petit coffret vendu à prix doux qui regroupe l'intégrale des symphonies et de quelques miettes symphoniques d'. Enregistré à la fin des années 1990, ce corpus était passé relativement inaperçu lors de l'édition séparée de ces disques. Il faut dire que l'œuvre de Glazounov, si elle est particulièrement imposante (8 symphonies, des fantaisies et poèmes symphoniques, des concertos, ballets, 7 quatuors à cordes, de nombreuses autres pièces de chambre) est d'une qualité fort inégale. Le très bon (Concerto pour violon, fantaisie La Mer, ballet Raymonda, Symphonie n° 5) voisine avec de nombreuses partitions « au mètre ». Virtuose adulé de toutes les Russies à ses débuts, l'artiste est passé à la postérité comme un professeur, puis directeur, du Conservatoire de Saint-Petersbourg, ultraconservateur plus que souvent éméché. Ses déboires avec le jeune et fougueux Prokofiev en attestent. Pourtant, sa musique mérite plus que cette réduction et elle témoigne d'un métier solide en matière d'instrumentation et de contrepoint.

Composées entre 1882 et 1905, ces partitions sonnent bien « russe ». On se situe quelque part entre Borodine, Balakirev et Rimski-Korsakov, avec une belle instrumentation et parfois de beaux climats suggérant les paysages des bords de la Volga ou les steppes asiatique du pays. On peinera pourtant à déterminer une profonde évolution de langage entre la Symphonie n° 1 et l'ultime Symphonie n° 8.

Côté interprétation, le travail du chef est probe : sa direction, assez allante, insiste sur la logique thématique et la lisibilité des mouvements. L'orchestre de la BBC galloise possède une identité sonore neutre mais ses valeureux musiciens font preuve d'une belle cohésion et d'une bonne puissance pour transcender ces partitions. Certes, un chef plus sanguin comme Svetlanov rendait mieux justice à ces œuvres, mais ses disques sont depuis longtemps supprimés.

En l'absence de concurrence sérieuse (Anissimov chez Naxos est moins inspiré et son orchestre bien moins bon) et par sa belle prise de son, ce coffret est, tout compte fait, une belle aubaine.

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