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Mario Del Monaco live : couillu !

C'est fait, c'est dit, c'est acté : il n'existe plus, à l'orée de notre XXIe siècle, de voix comme celle de .

Plus aucun ténor susceptible de faire passer le grand frisson dans les Verdi de maturité ou le répertoire vériste. Plus de voix d'airain, d'aigus triomphants et de notes tenues qui durent des heures. Plus de ténors infatigables qui passent un orchestre fourni, comme ça, hop, juste en claquant des doigts. Encore que dans le genre costaud, il est permis de préférer Franco Corelli ou Carlo Bergonzi (l'humble rédactrice de ces lignes avoue une passion immodérée pour Bergonzi). Notre ténorissimo actuel doit quitter la scène en plein milieu de Aida, faute de moyens, et c'est bien triste.

C'est lié à l'époque aussi. Aux hommes que nous préférons. Fini les machos, les purs, les durs, place aux hommes fragiles, ceux qui possèdent au fond du cœur la petite paille, la fêlure qui les rend vulnérables, adieu John Wayne, bonjour Josh Hartnett. Ca se remarque aussi dans la mode. Même si nous adorons toutes la robe de Marylin dans sept ans de réflexion, et même si nous étions toutes assez bien foutues pour la porter, renoncerions-nous à nos bons vieux pull-pantacourt-godillots ? Pas sûr. Question de confort, de ridicule, de regards dans le métro…

A chaque époque, les divi qui la reflète. Aux années ‘50 , sans complexe, sans fioritures, une Forza del destino (toute la fin du premier acte à partir de l'entrée d'Alvaro) à couper le souffle, sous la direction d'un Dimitri Mitropoulos déchaîné au Mai Musical Florentin, une scène du Nil de Aida qui vous colle à votre siège, et puis Norma, Ernani, Il Trovatore, rien que des œuvres qui ne se donnent plus aujourd'hui qu'avec d'infinies précautions, quand elles se donnent. Et des partenaires qui font rêver : Leyla Gencer, Fedora Barbieri, Ettore Bastianini, Maria Callas, Giuseppe Taddei… A la nôtre, Philippe Jaroussky ou Christophe Dumaux, tout aussi impressionnants, mais sur une autre planète…

Voici une très excitante compilation des live 1951-1957 de , restaurés dans un son impeccable par l'Istituto Discografico Italiano, et qui s'écoute avec un immense plaisir, comme on regarde un film de Cary Grant, ou qu'on admire une jupe en plissé-soleil… On n'était même pas née…

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