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Don Quichotte par le Ballet National de Cuba

Le répertoire hispanisant de Don Quichotte, vif et enjoué, convient nettement mieux à la compagnie que le répertoire romantique de Giselle.

Les œillades et les espagnolades siéent à merveille aux danseurs cubains qui manient l’éventail avec effronterie. Le premier acte est un feu d’artifice de morceaux de bravoure où les solistes tirent leur épingle du jeu et le corps de ballet fait bonne figure. Vingsay Valdes a toutes les qualités d’une Kitri, du chien et de l’abattage, face à un partenaire très alerte. Certes, les garçons ne savent pas quoi faire de leurs jambes et peinent à pointer les pieds. En dehors du couple pétillant et souriant formé par Kitri et Basilio, mention spéciale à Mercedes, la fiancée du toréador, fine et précise. Quant à la production, toujours aussi sommaire, à l’exception du superbe cheval de bois de Don Quichotte, elle affiche un goût immodéré pour les couleurs pastels ou criardes, fort peu à propos.

Au début du second acte, on remarque la belle allure du chef des gitans et de sa fille qui accueillent Kitri et Basilio, ceux-ci ayant fui le père de Kitri. Dans le passage plus romantique du rêve de Don Quichotte, Kitri en Dulcinée fait preuve de charme et de modestie, tandis que le corps de ballet féminin et ses deux solistes brillent d’aisance. La reine des Dryades a un port très aristocratique face à Cupidon, espiègle et cabotine, qui danse avec beaucoup de légèreté. Ce passage montre de manière éclatante une autre facette du répertoire de la compagnie dans laquelle elle est plus à l’aise.

Au troisième acte, tous les ingrédients du happy end sont réunis dans une joyeuse comédie, puisque, grâce à la ruse de Basilio, le mariage des deux amoureux peut être célébré. Les amis de Kitri entrent en scène, puis Mercedes et le toréador, le corps de ballet pour une belle danse de caractère et enfin Kitri et Basilio pour un bouquet final de variations maîtrisées. Les costumes, à dominante blanche, sont plus réussis que dans les actes précédents. Kitri tient ses équilibres et fait preuve d’une étonnante maîtrise technique dans cette redoutable et longue variation. Tout au long des pirouettes, des sauts et des tours, le couple formé par Kitri et Basilio se soutient et s’épaule à merveille, à la plus grande joie des balletomanes nombreux au Grand Palais, littéralement en transe.

Crédit photographique : © Jacques Moatti

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