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Hoffmann au XXe siècle

Surpris, nous nous apercevons, à la fin de la représentation que le cadre très moderne de la mise en scène ne nous a pas dérangés, comme si les Contes d'Hoffmann avaient été écrits pour les années 70 ou pour le Chicago des années 40, exception faite de quelques détails comme l'évocation des gondoles !

C'était un choix de Maria Senoner et Neta Amit Moreau, de mettre en relief l'atemporalité de l'imaginaire et particulièrement de l'imaginaire poétique. Toutefois, si ce choix permet très clairement de faire passer un message et d'extraire de façon plus vive, peut être, l'intention d'Offenbach, il ne permet pas toujours d'en respecter les aspects musicaux. Pourtant, il convient ici de saluer l'excellent travail de transcription de . Nous savons les heurs et malheurs de cet opéra d'abord écrit de façon très réduite, inachevé, amputé par endroits et par périodes. Créé quatre mois après la mort du compositeur, sa partition originale fut remaniée, les attributions des voix modifiées, avant d'être en partie perdue pendant un siècle. s'est livré à un imposant travail de transcription pour adapter l'œuvre aux jeunes chanteurs et à l'ensemble réduit des musiciens du festival Lyrique en Mer. Imposant travail qui, malgré l'ensemble des contraintes, n'a en rien écorné l'esprit d'Offenbach, même si dans l'interprétation, la dominance des cuivres, donnait parfois une coloration trop « fanfare » et kiosque à musique. D'une manière générale, nous pouvons regretter la simple juxtaposition des parties instrumentales qui manquaient d'harmonie et d'équilibre dans l'exécution, entraînant çà et là une impression confuse, notamment au second acte ou dans les Tutti du troisième acte et de l'épilogue. L'orchestre, tenant bien son rôle de soutien des voix, leur a toujours laissé la part belle, même si nous pourrions regretter parfois un manque d'unité entre les deux. Mais ces légères distinctions n'ont pas altéré la qualité du jeune chœur. Ces jeunes chanteurs ont su tout à la fois chanter, jouer et donner leur propre touche à la mise en scène. On sentait chez eux une telle maîtrise de l'œuvre mais aussi de la technique vocale, qu'ils étaient totalement libres de jouer une pièce qui les a sans aucun doute beaucoup amusés. Chose extraordinaire pour des choristes qui finalement ne tenaient que des rôles de figurants, la personnalité de chacun transparaissait, faisant d'eux des personnages à part entière, pleins de vie et d'émotion. Et cela conférait à la pièce une vitalité chaleureuse et une profonde humanité.

Sur ce fond si vivant, se sont élevées de jeunes voix, parfois prometteuses comme le jeune ténor, Peter Tantsists, incarnant ses trois rôles à merveille et révélant ainsi son talent d'acteur, en même temps que ses qualités de chanteur. Marcy Richardson a tenu, à ses côtés, le jeu difficile de l'automate pour faire de cet acte le plus réussi de l'opéra. En revanche, les trois incarnations du diable, manquaient d'assurance et de profondeur de voix ; l'articulation difficile de rendait inaudible un texte qu'il servait finalement assez mal. A l'inverse, Willy Falk, campant Hoffmann, a su largement s'imposer par la clarté de sa voix, malgré quelques fatigues dans les monologues. Au final ce fut incontestablement une agréable soirée, où perçait le travail de tous ces jeunes talents, en dépit d'un certain nombre de détails encore perfectibles.

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