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Une vague de joie pour Gustavo Dudamel

Beethovenfest

C'est une grande vague. Une vague de joie et d'enthousiasme qui part des musiciens sur scène pour se transmettre au public dans la salle, représentants politiques inclus. Dès la fin de la première partie, tous se lèvent de leurs places pour applaudir, debout, les jeunes vénézuéliens qui sont venus à Bonn en cette fraîche soirée d'août. Ils ovationnent la prestation musicale du Simón Bolívar Youth Orchestra of Venezuela, formation issue d'un projet social unique, et de son chef . Mais ils ovationnent également le message des jeunes gens : c'est grâce à la musique que nous sommes ici, que nous avons pu quitter la rue et avoir une formation. C'est la musique qui nous rendu la joie de vivre.

Dans de telles circonstances, la tâche du critique musical devient délicate, voire difficile. Comment rester objectif, comment ne pas se laisser emporter par l'ambiance ? Heureusement nous nous rendons vite compte que les jeunes musiciens n'ont besoin ni de compassion ni d'indulgence. Si l'orchestre a été invité au Beethovenfest de Bonn, l'un des festivals les plus prestigieux d'Allemagne, c'est d'abord grâce à sa qualité musicale. Dès le premier mouvement de la symphonie héroïque de Beethoven (choix risqué dans la ville natale du compositeur !), nous sommes ravi du savoir-faire technique des musiciens. Quelle souplesse dans les cordes et quelle brillance dans les vents ! Et quel chef ! , à la gestuelle aussi précise que suggestive, dirige ses musiciens d'une main très ferme. À aucun moment il n'en perd le contrôle, malgré un effectif qui frise la centaine d'exécutants. Les passages forte sont d'une puissance inouïe, mais jamais bruyants, les piani sont d'une grande beauté. Évidemment, ce Beethoven n'a pas la rigueur stylistique d'une formation de spécialistes qui jouent sur instruments d'époque. C'est, en revanche, une interprétation pleine de ferveur latine, pleine de passion et d'émotion, une version très «Sturm und Drang» ; mais c'est tellement convaincant !

La deuxième partie du concert est plus légère : d'abord du Bernstein, joué avec verve et sentiment, puis un voyage en Amérique latine. Pour une petite demi-heure, les jeunes Vénézuéliens nous plongent dans un monde exotique, aux mélodies ensoleillées et aux rythmes dansants. Malgré l'heure avancée, le public est insatiable et réclame des bis. Complètement déchaînés, endossant des vestes dans les couleurs du pays, les jeunes musiciens se prêtent au jeu. Ils jouent, ils dansent sur scène, ils font danser leurs instruments. Décidément, la musique unit les peuples !

Crédit photographique : © Nohely Oliveros

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