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Rattle-Mahler, remise des pendules à l’heure (suisse) ?

Festival de Lucerne 2007

Le festival estival de Lucerne 2007, c'est comme toujours le plus formidable défilé des plus grands orchestres du monde en résidence pour plusieurs soirées. Ainsi cette année, outre les deux programmes joués par l'orchestre du festival sous la direction d'Abbado, l'amateur le plus exigeant pouvait se rassasier des prestations des orchestres : de la radio bavaroise, de Boston, d'Israel, de Berlin, de Vienne, du Concertgebouw d'Amsterdam, de San Francisco, de Londres…

Comme lors de chaque édition, l' se présentait sous la direction de . Le second programme de leur résidence 2007, joué dans la toujours magistrale salle du KKL, était dévolu à la symphonie n°9 de . On lit assez souvent, dans des articles essentiellement francophones, que le niveau de la philharmonie de Berlin serait en baisse sous la direction du chef anglais, à qui l'on reproche, par ailleurs, d'errer plus que moyennement dans des partitions du répertoire germanique. Il suffit pourtant de se rendre à un seul de leurs concerts pour se rendre compte que le niveau à Berlin reste stupéfiant et que Rattle est un chef de premier plan qui apporte un regard intelligent sur les partitions qu'il dirige.

Dans le cadre de son intégrale des symphonies de Mahler pour EMI, Rattle avait déjà gravé une intéressante symphonie n°9 avec la philharmonie de Vienne mais ce disque pêchait par un manque d'acuité des mouvements centraux. En une bonne dizaine d'années, le chef a mûri son propos pour nous offrir une très grande interprétation de l'ultime symphonie achevée du compositeur. Rattle sert une interprétation fluide et remarquablement construite, qui insiste sur la modernité de l'orchestration. De très nombreux évènements, tels des notes des timbales ou des accents des vents sont mis en avant. Certes, cette approche pourra paraître pasteurisée aux tenants d'un Mahler animé et brassé, mais Rattle peut être crédité d'une idéale intelligence du propos. Bénéficiant d'un outil orchestral phénoménal, le chef peut jouer sur les dynamiques, les nuances et surtout les phrasés qui s'imbriquent avec naturel. Ce Mahler n'est nullement résigné mais assez optimiste et combatif sans tomber dans la violence gratuite. L'adagio final, très décanté, respire et progresse avec souplesse.

Un nouvel enregistrement de cette symphonie sera réalisé à la suite de ce concert et édité par EMI en mars 2008.

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