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Festival de Lucerne 2007 : Une résidence de très haute Nott, acte I

Chaque année, le festival de Lucerne invite deux artistes « étoiles » qui proposent une résidence de plusieurs concerts. Cet été, le pianiste Pierre-Laurent Aimard et le chef d'orchestre anglais étaient portés à cette qualité très honorifique. Ce choix, très judicieux, montre l'ouverture du festival vers deux personnalités de très haut vol, mais moins médiatiques que certaines stars et tournées vers le répertoire contemporain.

Dans ces colonnes, nous nous sommes souvent fait l'écho du haut niveau des apparitions de et de son orchestre de Bamberg (lire ici la chronique d'un disque Janacek et d'un concert bruxellois). Après une soirée avec l'ensemble Intercontemporain et Pierre-Laurent Aimard, se présentait au KKL avec ses Bamberger Symphoniker dans un festin de roi.

Jouée dans le cadre de la série « Late night » donnée à partir de 23 heures, la série de concerts du chef et de ses troupes a été inaugurée par une confrontation spectaculaire mais judicieuse entre Holst et…. Tube du répertoire anglais, la suite symphonique Les Planètes est une rareté dans les pays de culture germanique. Nott prend la partition à bras le corps pour livrer une prestation parfaite qui allie la finesse des épisodes délicats, le spectaculaire et le dynamique dans les planètes martiales comme Mars et Jupiter. Le tout ne tombe jamais dans le clinquant et le vulgaire, car le chef sait maintenir le fil de la narration. Vitalisés par la participation à cette grande messe symphonique, les pupitres sont en parade avec notamment des cuivres puissants mais musicaux. Le délire se poursuit avec une série de pièces tirées de la musique de film Stars Wars de John William. Complément pertinent, tant est grande la parenté entre les deux univers ! De manière à faciliter la compréhension du public, Nott présente chaque partie avec énergie et enthousiasme. On retrouve le même entrain dans une interprétation virtuose et pugnace qui nous fait voyager à travers les différents épisodes de cette épopée des temps modernes. Le public, aussi nombreux qu'enthousiaste, applaudit les différents morceaux, trop heureux d'entendre, dans une acoustique aussi légendaire, l'une des plus grandes musiques de film de l'Histoire.

Le lendemain après-midi, nos musiciens et leur chef se lançaient dans un programme pédagogique centré sur la symphonie alpestre de . Il était ainsi particulièrement rafraîchissant de voir, en ce beau samedi ensoleillé, les travées du KKL remplies par des bambins de moins de 10 ans. Le concert commence par un bon quart d'heure d'explications. Le chef présente l'orchestre, le son de l'orchestre et donne des précisions sur la structure thématique de l'œuvre. Le tout dans un langage simple et pédagogique. Une exécution complète de la partition, agrémentée d'une projection de dessins d'enfants réalisés lors de workshops, clôt ce concert. C'est évidemment un rêve que d'entendre, cette partition assez peu programmée, dans une telle salle ! D'autant plus que les musiciens mettent du chœur à l'ouvrage. L'orchestre de Bamberg possède ce mœlleux straussien qui fait sonner cette musique avec précision et luminosité. La chatoyance des cordes et l'éclat des cuivres composent un véritable massif de sonorités suggestives. Nott, comme souvent, allie précision et virtuosité, et il livre une prestation de très haut vol. Il faut saluer aussi l'écoute absolument formidable des enfants captivés par un tel ouragan symphonique.

Mais le Festival de Lucerne c'est aussi de très nombreux autres concerts. On pouvait ainsi commencer sa journée par un récital de Pierre-Laurent Aimard concentré sur des études de Debussy, Chopin, Rachmaninov, Liszt, Messiaen, Bartok, Scriabine et Ligeti, et la clore par Gruppen de Stockhausen, par les jeunes de l'Académie du Festival de Lucerne, sous la direction multiple de Pierre Boulez, Peter Eötvos, Jean Deroyer et des jeunes chefs d'orchestres issus des séminaires de direction d'orchestre menés par Pierre Boulez et Peter Eötvos (Hsiao-Lin Liao, Pablo Heras-Casado et Kevin John Edusei). Il était ainsi intéressant d'entendre une telle pièce, fondatrice d'une certaine modernité musicale dans de telles conditions. On ne peut être que stupéfait par le niveau technique de ces jeunes musiciens qui jouent cette musique avec une maîtrise déconcertante !

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