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Mahler: « Titan » version originale par Norrington

L'aventure symphonique orchestrée par , véritable parcours du combattant, lui aura coûté de la sueur, bien des déboires et quelques succès de son vivant. Convenons sans aucun doute qu'en contrepartie il dut, lors de l'acte de création, expérimenter des moments uniques et ô combien paroxystiques.

Presque un siècle après sa disparition prématurée à l'âge de 51 ans, le paysage mahlérien s'est progressivement métamorphosé en profondeur, au point que la plupart des phalanges orchestrales mondiales programment naturellement ses œuvres devenues (presque) familières.

Ainsi, la Symphonie n° 1 « Titan » en ré majeur (ici en cinq mouvements donc avec Blumine, mouvement inclus dans la version originale) offre-t-elle une abondante discographie. Le chef d'orchestre anglais (né en 1934), connu pour ses relectures allégées des œuvres du début du siècle précédent, apporte sa contribution. Sa lecture apparaît solide, respectueuse de l'esprit et du texte, et pour tout dire parfaitement recommandable. L'orchestre qu'il dirige, celui de la Radio de Stuttgart, formé en 1945, immédiatement après la fin du second conflit mondial (et dirigé par de fameuses baguettes dont celles de Schuricht, Celibidache, Böhm, Furtwängler, Kleiber, Solti, Marriner, Gielen…), tire profit de son expérience précieuse et diversifiée. On aborde ici la symphonie en la débarrassant de tout vernis susceptible d'en dénaturer le message profond. Les pupitres rugissants et disciplinés servent tant les pages mélancoliques que les passages débridés avec une égale réussite. La clarté des lignes, la précision des thèmes, le choix de tempos, la virtuosité des phrasés, la justesse de l'expression… sont autant de paramètres assimilés concourrant à structurer et servir une Première Symphonie merveilleusement brillante et déjà si personnelle (esquissée en 1885, première mouture de 1888, révisions de 1893 et 1896).

Certes, on l'aura compris, d'autres versions existent, d'autres engagements valent celui-ci … mais il convenait de rendre justice à une interprétation sérieuse et raisonnablement dosée. Et notamment, pourquoi pas, en l'écoutant !

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