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Strip-tease à La Villette

Pour sa réouverture après deux ans de travaux de rénovation, la Grande Halle de La Villette ne fait pas dans la dentelle (quoique…) en proposant un spectacle de strip-tease revu par des chorégraphes contemporains.

Au total, sept regards tendres, amusés ou décalés sur le peepshow, pour un spectacle multiforme créé à Gand (Belgique) en septembre 2006 et qui poursuit sa carrière en France. Un avertissement précise que ce spectacle n'est pas destiné aux enfants. On est loin pourtant de la sulfureuse revue que vantent les rumeurs accompagnant cette tournée. Rien de plus, en effet, que la vision portée sur des « strip-teaseurs » professionnels par sept chorégraphes, hommes et femmes. Si les hommes, comme , ou Wim Wandekeybus se contentent de fantasmer leur striptease idéal en y ajoutant une touche personnelle dans la mise en scène, les femmes, et en tête, entreprennent de déconstruire le rapport de voyeur que le spectateur porte le plus souvent sur ces professionnels. On sent alors dans les solos proposés une véritable complicité créatrice.

et nous font par exemple découvrir le striptease burlesque au cours de saynètes hilarantes. Ballons multicolores, boa en plume, tenue de tigresse, tous les archétypes y passent pour s'achever dans un moment très tendre, où, ayant ôté ses oripeaux, l'interprète rondelette éponge délicatement la peinture rouge qui lui servait de culotte et de soutien-gorge. Autre exemple réussi, la vision ultra-contemporaine d'une , qui plonge son interprète dans la lumière crue d'une poursuite à l'avant-scène et la contraint à abandonner ses vêtements sans la moindre crudité. Plus expérimentale, insère son interprète dans un décor baroque où le corps de la stripteaseuse semble serti comme une pierre précieuse.

Du côté masculin, deux propositions retiennent notre attention. Celle d', qui nous projette dans les années 30 avec une pin-up brune en robe de soie noire et vertigineux talons rouges, tandis que les rideaux l'enserrent comme la focale d'un objectif. Enfin, Wim Wandekeybus livre sans doute la proposition la plus pertinente, mêlant vidéo et un texte dit avec un savoureux accent belge sur un ton brut de décoffrage par une créature très sauvage.

Séduisant par certains aspects, le spectacle mériterait d'être programmé dans une salle plus petite, ce qui permettrait de retrouver l'intimité nécessaire à ce type d'expériences. Trop présente, la musique d'Ed Comminoto jouée à l'avant-scène par bois et vents, contribue également à faire de ce spectacle un concept un peu artificiel et hétéroclite.

Crédit photographique : ©

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