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William Christie : l’Ars Musica

Centre de Musique baroque : 20 ans !

Versailles. Ce nom rayonne depuis qu'un jeune roi épris de fêtes décida de faire de ces jardins puis de son palais un lieu où règneraient la musique et la danse, mais aussi une dévotion, empreinte de majesté et de sensualité baroque : un «temple» à sa gloire et à ses plaisirs.

Le Centre de Musique baroque de Versailles fête ses 20 ans et à cette occasion a invité la fine fleur de cette musique à venir donner, sur quatre week-ends, un aperçu de la musique qui accompagna les quatre rois et reines qui y vécurent. De Bournonville à Mondonville, de Lully à Gluck, de Tessier à Rameau les rencontres musicales sont foisonnantes au plus strict sens baroque.

Celui qui inaugure ce bel anniversaire, c'est évidemment . On ne le présente plus, il est probablement – et son concert nous l'a démontré – à l'image même de la musique du Roi-Soleil qui ne souffrait aucune médiocrité, aucune facilité ; chaque interprète, chaque note, et ce quel que soit le jour ou l'heure, se devant de satisfaire le plus exigeant des mélomanes. Deux fois en cette soirée du 21 septembre (à 20 et 22 heures), aura demandé à ses interprètes de donner le meilleur d'eux-mêmes à un public aussi bien composé d'amoureux du baroque que de néophytes. Et à 22 heures le plaisir était intact, malgré l'heure tardive, il a vaincu la fatigue et apporté un éblouissement propre à magnifier les «interrogations déchirantes» et les «illuminations secrètes» que devaient provoquer les motets spirituels chez les princes plus occupés à briller en cour qu'à songer à la repentance et à une vie exemplaire.

Ce sont donc des Petits Motets qu'il nous a été offert d'entendre dans la Chapelle Royale. Œuvres intimistes et raffinées, où quelques solistes soutenus par une basse continue assurée par un nombre restreint d'instruments expriment une quête personnelle, en un recueillement proche de l'extase. La musique de Charpentier et Lully, par la grâce des interprètes, transcende l'espace architectural, magnifie chaque courbe des bras des anges du Maître Hôtel, fait briller les ors du buffet d'orgue. Les voix féminines en appellent à l'intercession de Marie dans un frémissement mélismatique bouleversant. Les voix masculines donnent au Magnificat une ampleur propre à rejoindre et à trouver sa place dans le cosmos. Six solistes à l'équilibre parfait, rayonnant, que porte avec une élégance magistrale.

Il vous reste encore trois week-ends pour remonter de nuit la place des gardes, la cour de Marbre et voir s'ouvrir les portes de la Chapelle Royale, vous révélant les beautés secrètes de la musique versaillaise.

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